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Sa localisation et son histoire
La grande mosquée du Vendredi, qui mesure 34 sur 36 m, est située sur un des axes majeurs de la ville, la rue-marché nord-sud. La dénomination de mosquée d’Omar (al-Jâmi‘ al-‘Umarî) se réfère sans doute à ‘Umar Ibn al-Khattâb (13/634-23/644), le deuxième calife, sous le règne duquel la Syrie a été conquise par l’Islam. Une inscription qui se trouvait gravée sur un pilier à l’intérieur de la mosquée, datée de 128/745-746 et nommant un commandant (émir) du nom de ‘Uthmân Ibn al-Hâkim, semble confirmer pour le moins sa fondation à l’époque omeyyade. S’ajoute une autre inscription de 102/720-721, mentionnant un certain al-Hârith, trouvée dans les déblais au moment des travaux de restauration. Les recherches récentes ont montré que les constructions existantes ont en grande partie été réalisées beaucoup plus tard. On peut distinguer au moins deux phases de construction, l’une du 6e/XIIe, l’autre du 7e/XIIIe s., auxquelles s’ajoutent encore de petites transformations dans d’autres périodes.
Son plan
Le plan de la mosquée du Vendredi à Bosra est inspiré par la mosquée des Omeyyades de Damas. Ce monument célèbre a servi de modèle pendant plusieurs siècles pour les mosquées du Vendredi édifiées en Syrie et dans le nord de la Mésopotamie, par exemple à Resafa, Harrân et Diyarbekir, dans le faubourg de Damas, Salihiya, et à Der‘â, ville voisine de Bosra, dans le Hauran. Tous ces monuments ont en commun la disposition des arcades de la salle de prière, parallèles au mur orienté vers la Mecque (qibla). La grande mosquée de Bosra s’intègre dans une série de mosquées édifiées à partir de la fin du 5e/XIe s. C’est aussi de cette période que date l’inscription commémorant la construction qui se trouvait autrefois au-dessus du portail est. Le texte atteste en l’an 506/1112-1113 la «rénovation» de la mosquée du Vendredi, sur l’initiative du général Abû Mansûr Kumushtakîn. Cette expression pourrait désigner, comme dans bien d’autres cas, une construction nouvelle.
Développement architectural
Dans le siècle qui sépare la construction de la mosquée du général Kumushtakîn en l’an 506/1112-1113 et la phase d’élargissement vers le nord, à laquelle se rattache également le minaret, ont été construites les arcades devant la façade est. Vraisemblablement dans la même période ont été aussi érigés les portiques des côtés est et ouest de la cour. Ils se distinguent des portiques de la salle de prière par leurs colonnes en basalte. À une époque plus récente encore a été installée du côté est, devant le minaret, une fontaine avec plusieurs bassins. Peut-être cette installation est-elle liée à la construction, en 773/1372, du hamman Manjak, qui a certainement exigé un meilleur approvisionnement en eau de ce quartier. Après leur effondrement, les toits à deux pentes qui couvraient la mosquée à l’origine ont été remplacés par des couvertures plates en poutres de basalte, selon la technique de construction la plus courante dans le Hauran. Il fallait donc diminuer les portées entre les arcades par des supports intermédiaires. Ce réaménagement de la grande mosquée date vraisemblablement de la période mamelouke. Une des dalles de pierre du plafond qui porte une inscription avec le nom de «Haydara» et la date 460/1067-1068 a été trouvée au cours de travaux de restauration dans les déblais ; cette inscription a certainement été réemployée et provient d’un autre bâtiment. Depuis l’époque mamelouke, la mosquée a été exposée pendant des siècles à la dégradation : elle n’était manifestement plus utilisée au XIXe siècle. Les travaux de restauration ont commencé en 1938-1939 par l’évacuation des décombres de la partie sud de la mosquée, le démontage des arcades rajoutées ultérieurement et la reconstruction de la façade de la salle de prière. En 1949-1950 ont été reconstruits les portiques latéraux (riwâqs) et le mur extérieur ouest. Dans la dernière phase de la restauration, en 1963-1965, les piliers du riwâq nord ont été reconstruits. Des dalles de béton au-dessus des arcades et une construction en acier au-dessus de la cour ont permis de réutiliser le bâtiment qui sert de nouveau de mosquée du Vendredi à Bosra. Depuis qu’en 1992-1993 le niveau de circulation ancien a été rétabli dans la rue qui la longe, la façade est de la mosquée, avec les arcades qui la précèdent, a repris sa valeur originelle. Elle constitue, avec le hamman Manjak, récemment restauré, un ensemble où s’exprime l’ampleur de l’évolution historique et stylistique de l’architecture islamique au centre de Bosra.