Localisation, plan et vestiges préservés

Situés au cœur du centre monumental de la ville antique, ils occupent un vaste rectangle de 105 m sur 65 m (soit près de 7 000 m2). Dans son dernier état monumental, le bâtiment était bordé de boutiques sur au moins trois de ses côtés et accessible depuis la rue nord-sud par deux entrées monumentales tétrastyles. Les vestiges, préservés en élévation sur plus de 10 m par endroits, permettent une lecture complète du dernier état de fonctionnement de l’édifice : le plan symétrique, au moins du point de vue des circulations, articule pièces froides, tièdes et chaudes en un double parcours circulaire, les pièces principales étant situées sur l’axe de symétrie est-ouest de la composition. On accédait aux salles thermales depuis une vaste palestre située à l’est, bordée de portiques et d’exèdres ornées de niches. Au nord et au sud, deux autres palestres limitent le bloc principal. Plus au nord, un large espace occupé tardivement par de vastes latrines publiques devait à l’origine accueillir des constructions annexes liées aux bains.

Développement architectural

L’organisation générale du monument initial se devine sous l’édifice de type impérial. Ce premier état des thermes du Centre préexistait à l’installation de la rue nord-sud, il est donc antérieur à la grande période d’urbanisme sévérienne du IIIe siècle. Pendant une deuxième phase ce bâtiment a connu une transformation en thermes impériaux. Ils sont créés à partir d’un monument existant, le nouvel édifice, cette fois symétrique est à double parcours circulaire. Les salles principales, froide et chaude (frigidarium, caldarium), sont situées sur l’axe du monument, et les autres salles du circuit sont dédoublées de part et d’autre de cet axe. Les usagers peuvent emprunter à l’aller deux parcours symétriques, le retour se faisant dans l’axe du monument. Cette deuxième phase de construction est juste postérieure à l’aménagement de la rue nord-sud, elle-même d’époque sévérienne. La chronologie relative du monument permet de dissocier une dernière transformation de grande ampleur, postérieure à la série d’opérations décrites ci-dessus : dans l’espace situé entre l’exèdre 21, la palestre 18 et les rues à portique sont installées de vastes latrines 19. Postérieures aux deux phases monumentales des thermes, mais en connexion avec la palestre Nord, ces latrines présentent un grand intérêt architectural. Leurs dimensions surprenantes en font à ce jour les plus vastes latrines jamais découvertes au Proche-Orient, sans doute capables d’accueillir près de 105 personnes !

Au regard du plan du centre-ville, un constat s’impose : deux monuments de même importance, les thermes du Centre et les thermes du Sud, bâtis sur des programmes identiques, utilisant une même technologie et séparés d’une dizaine de mètres seulement, ont évolué de manière proche. Il ne faut pas s’étonner de la présence de deux vastes édifices thermaux dans une ville aussi importante que Bosra (voir en particulier les exemples de Gerasa-Jerash et de Scythopolis-Beth Shean) ; il est même probable qu’une sorte de «concurrence» s’est établie entre ces deux ensembles voisins.