Politique urbaine

La politique urbaine à l’époque romaine s’est, d’une part, portée vers la création d’édifices d’un type nouveau dans la région, des édifices de spectacles en particulier, ainsi que des thermes, et elle a eu pour but, d’autre part, de donner à la ville un caractère plus monumental en utilisant des formules d’architecture et d’urbanisme caractéristiques du Proche-Orient romain.

Les principales phases de construction urbaine commencent sans doute dès l’époque d’Hadrien et se développent sous les Antonins et les Sévères avec l’édification du camp de la légion, du théâtre, des deux grands ensembles de thermes avec le nymphée, de l’exèdre monumentale et, dans le quartier de l’Est, d’un temple ou sanctuaire de Rome et d’Auguste. Ces temples n’ont pas été identifiés, seules des inscriptions nous rappellent l’existence du temple de Rome et Auguste, à proximité du grand monument nabatéen situé sous l’église à plan centré de l’est, ou celle d’un temple de Jupiter Ammon (IGLS 9107). Les équipements publics d’une cité et d’une capitale de Province, transformés sans doute eux aussi radicalement, n’ont pas été clairement reconnus à part un probable forum et un macellum (marché) encore englué dans le bâti traditionnel contemporain.

Un urbanisme en évolution

L’évolution majeure de la ville concerne le réseau des rues et leur équipement. L’étude du contact entre la rue principale est-ouest et la façade des thermes du Sud a révélé les étapes successives – d’abord les portiques, puis les boutiques – du développement de la rue à colonnades, formule sans doute mise au point dans la Syrie romaine, née vers le tournant de l’ère chrétienne, et qui a rencontré un succès croissant avec la volonté de régulariser des tissus urbains non géométriques. À Bosra, les rues principales, celles qui étaient des voies de communication plus anciennes ou celles dont les axes ont été tracés dans le courant du IIe siècle, n’ont été équipées de l’ensemble portiques et boutiques qu’à partir de l’époque sévérienne (193-235).

En même temps que les portiques des rues ont été créés, de nouveaux édifices publics  y sont directement rattachés, comme l’arc central « Bâb al-Qandîl » (ou porte de la lanterne) ou encore le cryptoportique ; d’autres, plus nombreux, ont été terminés ou rénovés à l’époque sévérienne, dans la double perspective d’un agrandissement des installations et d’un enrichissement du décor monumental. Ainsi l’analyse de l’organisation de l’espace à Bosra a conduit à une conclusion différente. Le plan de Bosra garde la mémoire non d’un ordre préétabli, mais d’une série d’opérations impliquant des parties limitées de la ville comme le quartier de l’Est ou le centre.

Globalement, c’est cependant un modèle cohérent de ville organisée qui a orienté son évolution entre l’époque nabatéenne et l’époque byzantine. Des obstacles matériels hérités des phases précédentes ont empêché à chaque fois de réaliser le modèle jusqu’au bout.