Aujourd’hui, l’ancienne capitale de la province romaine d’Arabie est un bourg désarticulé, avec des caractéristiques urbaines : on trouve tout d’abord un quartier ancien installé sur les ruines d’une ville médiévale, d’où émergent les ruines de bâtiments nabatéens, romains, byzantins et médiévaux, et des quartiers récents construits en périphérie immédiate du noyau historique.

Un site archéologique et touristique

Depuis une trentaine d’années, les autorités syriennes transforment progressivement le quartier ancien en site archéologique et touristique. Ce changement de statut fait toute la spécificité de Bosra, qui est ainsi devenue un des lieux les plus connus et les plus visités de Syrie. Depuis 1969, cet habitat vernaculaire enserré dans les ruines de la Bosra historique est détruit pour laisser apparaître les édifices monumentaux datant essentiellement des périodes romaine et byzantine et pour proposer une vision partielle et limitée du site, alors que son intérêt réside dans son épaisseur chronologique qui permet de comprendre les imbrications entre les diverses civilisations qui se sont succédé là.

Une ville en évolution ou en régression ?

Cette politique de mise au jour des bâtiments anciens a profondément marqué la physionomie du village, étant donné l’ouverture de nombreux chantiers de dégagement. Aujourd’hui, la ville historique, en partie abandonnée, est habitée par une population économiquement faible qui regroupe des agriculteurs, des ouvriers, des personnes âgées qui n’exercent plus d’activité et des nomades éleveurs en cours de sédentarisation qui y trouvent un abri pour l’hiver. Toutes les maisons ne sont pas occupées, certaines sont délaissées, abandonnées ou ont été détruites lors de l’ouverture de chantiers de dégagement. Cet habitat n’est plus adapté aux modes de vie des populations qui l’habitent.

Après le départ des familles les plus riches, celles qui sont restées modifient les limites de leur propriété en étendant leur espace domestique, en annexant d’autres pièces qui n’appartiennent pas à leur unité d’habitation originelle, ou bien ils réduisent la surface d’occupation à l’intérieur de leur maison. Tous ces habitants espèrent quitter ce quartier le plus rapidement possible et n’entretiennent que rarement cet habitat fragile. L’espace public est lui aussi abandonné et se transforme le plus souvent en décharge. Le quartier ancien, moitié site archéologique, moitié village, se dégrade inexorablement, tant du point de vue de l’usage que du point de vue de l’aspect. Il est entré dans une phase de transition dont l’aboutissement reste incertain faute d’un projet clair.