Une villa fouillée par un érudit

La villa de La Tête de Fer a été fouillée de 1951 à 1964 par un amateur de grand talent, l’abbé Jean Duchâtel. Ce chercheur a laissé une abondante documentation dont des plans vérifiés grâce à des clichés aériens par Pierre Nouvel (Université de Franche-Comté).

Cette villa d’un hectare adopte lors de sa plus grande extension, une composition axiale. La résidence, à l’ouest, est organisée autour d’un bassin d’agrément. Un mur percé d’une tour porche la sépare de la cour des communs qui s’étend vers l’ouest, avec deux ailes de bâtiments agricoles sur une centaine de mètres de long. La cour est fermée à l’ouest par une rangée de bâtiments disposés selon l’axe du chemin empierré qui quitte les communs en direction du sud. A l’ouest de la résidence, un enclos limité par trois murs avec tours d’angle est interprété comme un jardin. 

Trois grands états de construction caractérisent ce site occupé dès la fin de l’âge du Fer. Dans la première moitié du Ier siècle de notre ère, l’établissement se réduit à quatre constructions distinctes autour d’une cour centrale, orientées de façon divergente par rapport à la future villa. Le second état ne correspond pas une reconstruction généralisée mais plutôt à des remaniements successifs, de la seconde moitié du Ier siècle au début du IVème siècle de notre ère. On note une rupture dans l’occupation à partir du milieu du IVème siècle. Un bâtiment sur poteaux est encore élevé dans la pars urbana, avant un abandon définitif antérieur au début du Vème siècle. Ateliers et dépendances

L’intérêt des fouilles de l’abbé Duchâtel réside dans l’importance des travaux de dégagement qui ont touché les communs, permettant de mieux saisir les fonctions des différents bâtiments des communs de la villa.

L’aile sud est constituée des bâtiments III, IV, V et VI. Le bâtiment III, de plan quadrangulaire, est interprété comme une étable avec deux aires dallées en hérisson de part et d’autre de l’espace central pour la stabulation des animaux. Le bâtiment IV correspond à une remise qui a servi d’atelier. On y trouve du mobilier métallique apparemment au rebut, comme une ascia et sept objets ressemblant à des étriers. Le plan du bâtiment VI, associé au séchoir X, ont permis d’y voir une grange ou un fenil, avec une entrée autorisant un accès à un étage.

L’aile nord est formée des bâtiments XI, XIII et XIV. Le bâtiment XIII dispose dans sa pièce sud d’un aménagement complexe, un four à céréales ou peut-être un séchoir à viande. Le bâtiment XIV est une construction dotée d’un porche. Une activité viticole est avérée, sous la forme d’une fosse à rebut de pépins de raisins, sans que les traces certaines d’un pressoir ou de zone de stockage n’aient été identifiées avec certitude. Au-delà, le bâtiment XIV correspond à un habitat annexe, avec une série de foyers et de resserres. C’est également le cas des constructions qui ferment la cour à l’est (bâtiments VIII et IX) qui semblent avoir, du moins à la dernière phase d’utilisation, servi d’habitat modeste.