Un des plus grandes villas de l’est de la Gaule

La villa de Saint-Ulrich, située à moins d’un kilomètre de la voie romaine Reims-Strasbourg, a été construite à partir du deuxième quart du Ier siècle de notre ère, sur un site apparemment dépourvu de toute occupation antérieure. Explorée dès la fin du XIXe siècle, la partie aujourd’hui visible de la villa a été dégagée entre 1968 et 1983 par Marcel Lutz, et l’étude du site a été reprise dans les années 80 par Xavier Lafon (Université de Provence). La villa est en fait le coeur d’un vaste ensemble qui s’étendrait sur plus de vingt hectares. Ce secteur central, en fait la partie résidentielle, adopte la forme d’un rectangle d’axe est-ouest d’une superficie d’environ un hectare. On connaît par ailleurs une trentaine de constructions qui constitueraient des annexes nécessaires pour la mise en culture et l’exploitation de terrains de nature diverse et complémentaire, parmi lesquels on ne peut exclure des vignes.

Le développement monumental du secteur résidentiel intervient au début du IIe siècle, marqué par la construction d’un péristyle à l’ouest, de vastes bains au nord ainsi que d’une galerie de façade, prolongée de deux ailes vers l’est. Si l’on cerne les modifications partielles qui affectent cet ensemble durant ce même siècle, on n’ignore, du fait de l’impact des fouilles les plus anciennes, les conditions de l’occupation durant l’Antiquité tardive. Une nécropole mérovingienne témoigne de cette permanence, jusqu’à une fondation monastique, attestée dès le XIe siècle. Une réalisation architecturale de conception méditerranéenne

Deux ailes orientale et occidentale donnent toute son ampleur à la construction résidentielle qui s’organise en deux terrasses. Au bas de la pente, au nord, prend place autour d’une cour à portique, peut-être la palestre, un très grand secteur balnéaire plusieurs fois remanié jusqu’au IVe. L’importance accordée aux bains trouve un écho particulier à Saint-Ulrich avec la présence d’une source miraculeuse dans les emprises du couvent qui lui succède.

La terrasse du secteur méridional, qui présente dès l’origine l’aspect d’une résidence, est soutenue à l’ouest et au nord par des cryptoportiques surmontés d’un second niveau de portiques. Ce principe d’organisation, fréquent dans le monde méditerranéen mais peu adapté au climat mosellan, a été rapidement abandonné avec le comblement des galeries. Les pièces dégagées correspondent pour l’essentiel aux salles de réception. La façade du corps central d’un schéma en U passe à une disposition strictement linéaire, sans abandonner une composition axiale privilégiant une très grande salle d’apparat. Les autres pièces s’organisent de façon très symétrique de part et d’autre, avec de petites cours intérieures pour favoriser les déplacements internes et l’éclairage. La qualité de la décoration n’a pas suivi une courbe parallèle à celle des surfaces construites. Cette contradiction apparente pose la question de la fonction assurée au fil du temps par ce complexe ainsi que de la durée et la périodicité du séjour de ses occupants.