Une grande villa des environs d’Augustonemetum 

Située à 2,5 km au sud d’Augustononemetum (Clermont-Ferrand), la villa de Champ Madame, fouillée sous la direction de Guy Alfonso (INRAP), fait partie des plus grands centres domaniaux repérés autour du chef-lieu de cité. Le site est investi à l’époque gauloise, dès le IIe siècle avant notre ère, mais cette occupation ne dépasse pas le début du siècle suivant. Du mobilier du premier quart du Ier siècle de notre ère indique la proximité d’une ferme gallo-romaine précoce.

La villa ne sera édifiée que dans le dernier tiers du Ier siècle ou au tout début du IIe siècle. L’ensemble, ceint par un mur de clôture, se développera sur une superficie de plus de deux hectares, faisant appel à la maçonnerie de chaux et adoptant un type de plan largement répandu. Les dépendances sont organisées de part et d’autre d’une vaste cour rectangulaire fermée sur un troisième côté par la résidence. Cet ordonnancement ne connaîtra aucune modification jusqu’à l’abandon à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle. La partie résidentielle connaîtra dans le courant du IIe siècle son extension maximale (plus de 3 200 m2). Les différents corps de bâtiments sont distribués autour d’une cour à péristyle et desservis par une cour secondaire. On y trouve un balnéaire d’environ 300 m2 et de multiples indices de luxe. Malgré la présence de granges ou étables, une large part des activités agricoles pouvait être pratiquée dans des fermes proches, comme celle d’Artière-Ronzière fouillée à 400 m de la villa. Un lieu d’inhumation pour des enfants morts en bas âge

A l’extérieur du mur d’enclos qui ferme au nord les dépendances, vingt-six sépultures de nourrissons sont réparties en petits groupes sur une quarantaine de mètres de longueur. Leur étude a été confiée à Frédérique Blaizot (Inrap). Il s’agit d’enfants décédés avant l’âge de six mois, à l’exclusion de tous sujets plus âgés et d’adultes qui sont habituellement inhumés à distance de la villa. Cette discrimination des lieux de sépulture est attestée depuis l’âge du Fer. L’archéologie permet de mieux interpréter, à partir d’exemples, les sources latines qui évoquent le traitement particulier des funérailles de ces enfants.

Pour les tombes des jeunes défunts de la villa, le soin apporté ne diffère en rien de ce qui est pratiqué pour les autres classes d’âge dans la région. Ils sont déposés dans des vases ou des panses de récipients, mais aussi dans des coffrages de bois ou des cercueils cloués. Les sujets décédés en période périnatale ne sont que rarement accompagnés d’un dépôt d’objets, à la différence des plus âgés. Ce mobilier, se rapportant principalement au banquet funéraire, se présente sous la forme de vases en céramique en provenance de la cuisine, et même d’un biberon et de pièces de viande, mais aussi d’objets divers (lampe, médaillons prophylactiques en bois de cervidé). 

La plupart des inhumations sont datées entre 90 et 120 de notre ère et l’espace funéraire continue à être utilisé de façon très ponctuelle durant tout le IIe siècle et durant l’Antiquité tardive.