Un domaine au pied des Pyrénées

La villa est implantée dans la vallée du Gabas, un cours d’eau pyrénéen, à une distance d’une vingtaine de kilomètres des agglomérations secondaires de Beneharnum (Lescar) et d’Atura (Aire-sur-l’Adour), dans la cité des Tarbelli. François Réchin (Université de Pau) a repris l’étude de ce site, fouillé de façon extensive entre 1958 et 1972.

Dans un contexte de densification du peuplement de ce secteur du piémont pyrénéen, est créé, dans les années 10-20 de notre ère, un premier édifice à galerie de façade et pavillons latéraux. Ce noyau initial, dans le courant du IIe siècle, est étendu avec la création d’un seconde cour. Les signes de luxe sont nombreux, avec le soin apporté aux vestibules reliant les deux parties du nouvel ensemble, l’agrandissement des bains ou la construction de dispositifs de chauffage par le sol.

La résidence à la fin du IIIe siècle est reconstruite, sa surface agrandie et voit la multiplication des pièces d’apparat et chauffées. La rive du Gabas, à l’est du site, est repoussée grâce à une masse de remblais permettant d’édifier une grande galerie orientée vers la rivière. Au cours du IVe siècle, des restaurations sont entreprises, avec de nouvelles adjonctions. Des mosaïques, les seules conservées, témoignent toujours du luxe de la résidence. Une autre rectification du cours d’eau permet l’implantation d’un portique courbe, pour l’aménagement d’un jardin. Après le premier quart du Ve siècle, l’occupation se poursuit autour d’un petit sanctuaire chrétien. Une exploitation domaniale tournée vers l’élevage

L’élevage pourrait occuper une place prédominante dans le système de production de la villa de Lalonquette. Les diagrammes de représentation des pollens permettent de décrire une villa dans un environnement de plus en plus ouvert avec le temps, sous les effets d’une exploitation intensive du milieu, entourée d’herbages, d’un paysage de prairies. Les plantes cultivées n’apparaissent pas dans ce tableau, les céréales de façon surprenante, ni même la vigne, bien qu’une installation de vinification puisse être identifiée dans les communs de l’exploitation rurale.

Le centre domanial est implanté dans une vallée, séparant deux plateaux dont seuls, les rebords sont investis par des installations rurales de petite taille, qui disparaîtront après le IIe siècle. Durant toute la période romaine, la partie centrale des plateaux reste vierge de toute construction, témoignant peut-être ainsi de la permanence de l'élevage qui devait y être pratiqué prioritairement. Ces espaces sont empruntés par des camins, ces voies traditionnelles de transhumance qui ont été utilisées dans l’Antiquité. Des sites de halte, datés de l’époque romaine, ont été reconnus sur le tracé de certains de ces axes. Ils se présentent sous la forme d’abris sommaires, qui ne subsistent aujourd’hui que sous la forme d’aires de galets. le poids de l’élevage dans le profil économique de ces territoires du piémont pyrénéen justifierait l’implication des villas dans le contrôle et la gestion des mouvements saisonniers des troupeaux.