Un ensemble architectural exceptionnel

Cette immense demeure est située en rive gauche de la Garonne, en bordure de la voie reliant Tolosa (Toulouse) à Aquae Tarbellicae (Dax). Connu dès le XVIe siècle, le site fera l’objet de fouilles à la fin du XIXe siècle, sous la direction de Léon Joulin, secondé avec efficacité et passion par le martrais Abel Ferré.

Les bâtiments de la villa se distribuent à l’intérieur d’un vaste enclos d’au moins 13 hectares. Les communs sont organisés autour d’une cour de trois hectares, sous la forme de deux files d’une quarantaine de constructions modestes, des étables, des ateliers ou des logements pour le personnel. Sur une seconde ligne, de grands bâtiments, jusqu’à 50 mètres de longueur, correspondent aux installations de stockage.

La partie résidentielle occupe trois terrasses. Un long portique, modifié ensuite avec la création d’une salle basilicale, conduit à une cour d’honneur en U et à la résidence. Les appartements privés du maître trouvent place autour d’une cour à péristyle. Sur la seconde terrasse, un imposant ensemble thermal est complété par un grand atrium ouvrant sur un large espace en hémicycle, jardin ou palestre. Sur la troisième terrasse, un escalier monumental permet d’accéder à une esplanade et à ses portiques, en bord de Garonne.

La villa est occupée durant plus de quatre siècles, de la fin du Ier siècle avant notre ère jusqu’au début du Ve siècle. On date aujourd’hui la période de plus grande splendeur de la villa de la fin du IIIe siècle et du début du IVe siècle. Une commande impériale, une collection d’œuvres d’art 

De très nombreuses découvertes statuaires, avec l’immensité et le luxe de cette résidence, interrogent sur le rang de ses propriétaires. Parmi ces sculptures, Jean-Charles Balty (université de Paris IV-Sorbonne) a identifié un programme iconographique de grande ampleur, réalisé en marbre pyrénéen de Saint-Béat par un atelier venu de Rome. Daté de 293 de notre ère, cet ensemble est formé d’un groupe de portraits de Maximien Hercule et de membres de sa famille. Le souverain par une ressemblance des traits est identifié au héros mythologique Hercule dont le cycle des Douze travaux, allusion à l’action politique de l’empereur, est le thème d’une série de reliefs. Ces éléments devaient être placés sous le regard protecteur de divinités dont les bustes se détachent de grands médaillons. Un tel programme n’aurait pu être commandé que par un proche de l’empereur à l’occasion d’un séjour ou bien par l’empereur lui-même si la villa appartenait à un domaine impérial.

Bien d’autres statues, retrouvées amassées dans des fosses, appartiennent à d’autres productions de marbre grec ou italien. On trouve des représentations de divinités orientales, de répliques d’œuvres connues ou non. Des portraits impériaux voisinent avec des bustes d’inconnus. Il est d’ailleurs à signaler que le plus récent de ces portraits est daté du début du Ve siècle, témoignant d’un enrichissement de cette collection durant l’Antiquité tardive, certainement du fait d’un haut personnage devenu propriétaire du domaine.