De la ferme de bois à la villa romaine

Installée au fond de la vallée l’Oise, la ferme gallo-romaine est fondée dans le dernier tiers du Ier siècle avant notre ère. Elle s’organise en deux cours. La maison principale est placée au milieu de la largeur de la cour carrée, délimitée par une palissade. Dans le prolongement, une cour rectangulaire allongée est bordée, sur un seul côté, par des bâtiments, en majorité des habitations, implantés à intervalle assez constant. Ces constructions sur poteaux sont de tradition architecturale gauloise. L’ensemble s’inscrit dans un enclos fossoyé. Au début du Ier siècle, les limites de la cour agricole sont légèrement déplacées, pour suivre un tracé régulier marqué par la métrique romaine. Des bâtiments sont implantés sur le second côté, créant une symétrie. De la résidence arasée, ne subsistait que la cave, aux parois de moellons. Elle suggère que la résidence suivait un plan romain (long édifice avec ailes latérales). 

Au milieu du Ier siècle, la résidence est déplacée à l’autre extrémité de l’enclos résidentiel. Son plan linéaire est souligné en façade par un grand bassin long de 40 m. Les bâtiments utilitaires en matériaux légers, mais de plan romain et beaucoup plus grands, se superposent aux édifices antérieurs. Dès la fin du Ier siècle, les fondations de pierres sont généralisées. La résidence voit sa superficie progressivement doublée et adopte un plan en U. Vers le milieu du IVe siècle, elle est dotée d’un grand balnéaire. La villa semble occupée jusqu’au début du Ve siècle. La grande ferme gallo-romaine précoce et la villa dans les Trois Gaules

Les villas de la Gaule interne (Celtique, Belgique et Germanies) se distinguent des exemples méditerranéens par un plan dispersé et une conception linéaire. Leurs principales composantes architecturales s’égrainent autour d’une ou deux vastes cours de plan rectangulaire ou trapézoïdal. En position axiale, sur l’un des petits côtés, on trouve la résidence du chef d’exploitation, alors que les autres constructions, logements du personnel et bâtiments agricoles, prennent place sur les longs côtés, parfois sur plusieurs centaines de mètres.

Ce type de plan trouve son origine dans la grande ferme gallo-romaine précoce, dont les principaux traits ont été définis par Jean-Luc Collart (Ministère de la Culture et de la Communication – service régional de l’Archéologie de Picardie). Les phases les plus anciennes de Verneuil-en-Halatte illustrent bien ce type d’expression architecturale, avec des bâtiments distribués sur deux files et la séparation de la partie plus résidentielle dans un enclos distinct. Les constructions sur poteaux de bois sont remplacées plus tard par de nouvelles réalisations en dur, qui en reprennent l’emplacement et les dimensions. Les grandes fermes gallo-romaines précoces se multiplient en Picardie à partir du Ier siècle avant notre ère. Ces grandes exploitations rurales, issues des effets des mutations économiques et sociales de la romanisation, donneront naissance à un modèle de villa qui se perpétue jusqu’à la fin de l’Antiquité.