Porte de la Boucherie, en 1987. Au premier plan, le fossé intérieur en cours de fouille ; au second plan, à droite, le mur de soutènement de la chaussée. 
© UASD / O. Meyer.

Les Annales de Saint-Bertin rapportent qu'en 869, Charles le Chauve fit entourer le monastère d'une enceinte de bois et de pierre, castellum in giro ipsius monasterii ex ligno et lapide conficere coepit, pour le protéger des attaques vikings. Plusieurs tronçons des fossés d'eau de cette première fortification de Saint-Denis ont été fouillés, complétant utilement les renseignements fournis par les textes.

Le dispositif, qui protégeait un espace d'environ huit hectares, était irrigué par le Croult, un canal amenant les eaux de la rivière du Rouillon sur plus de six kilomètres. La porte méridionale, dite porte de la Boucherie, a pu être étudiée en détail. En venant de Paris, la route, large de 6 m, franchissait le double fossé d'eau sur un terre-plein bordé de murs de soutènement. La chaussée en bois reposait sur des poteaux plantés à la verticale dans le terre-plein contre les parements en pierre de taille. Elle franchissait deux chenaux par lesquels s'écoulait l'eau des fossés interrompus par le passage de la route. La porte proprement dite n'a pas encore été mise au jour mais, comme elle a survécu jusqu'aux Temps modernes, son emplacement est connu avec précision.

Elle se dressait à l'intérieur de l'enceinte, près de 20 m en arrière des fossés. Ce couloir d'accès laisse supposer que le rempart était renforcé par d'autres ouvrages de défense tel un mur d'enceinte associé à des levées de terre. Grâce à cette fortification, Saint-Denis semble être sortie relativement indemne de la période des incursions vikings.