L'archéologie offre différentes pistes pour traiter la question de l'alimentation : par l'identification de restes alimentaires, tels que les ossements animaux (archéozoologie), les graines et noyaux des fruits et légumes (paléocarpologie) ; par l'étude des récipients et ustensiles ayant servi au stockage des denrées, aux préparations culinaires et à leur consommation.
Pour les périodes historiques, l'apport des sources écrites et iconographiques, soit du texte et de l'image, permet des restitutions plus fines, invite à dresser une table, à concocter une recette de cuisine.
À Saint-Denis, ces thèmes de recherche n'ont pas encore tous fait l'objet d'études scientifiques approfondies autorisant synthèses et vulgarisation. À partir d'une sélection de pièces suffisamment complètes pour être significatives nous proposons cinq équipements de table de l'époque carolingienne au XVIe siècle.
Période carolingienne
Plusieurs pièces regroupées ici sont luxueuses et dénotent d'une certaine qualité de vie sur le site : gobelet en verre orné de filets appliqués, cruches à bec tubulaire à décor peint et poli, récipients à glaçure plombifère précoce, comme une cruche et un poêlon (sans doute utilisé comme puisette à eau).
Même si elles sont mal conservées, les écuelles en bois sont plus fréquentes que celles en céramique. La cruche à trois anses et bec tubulaire tréflé est de grande capacité, entre 10 et 12 litres. Il s'agit d'une poterie commune, à pâte granuleuse, utilisée pour transporter les liquides de la resserre ou du puits à la table. Couteau en fer, cuillère en bois à décor d'ocelles et lampe en céramique, à suif ou à huile, indispensable dans les intérieurs sombres complètent ce tableau.
XIe - XIIe siècles
Le pichet à glaçure plombifère, muni d'une anse à section ronde, remplace la cruche à bec tubulaire. La cruche à bec verseur étiré et pincé présente une paroi fine qui rompt avec la pâte granuleuse des poteries communes antérieures. Peu de changement dans les écuelles et les cuillères. Le gobelet en verre à panse globulaire est toujours en vogue, mais seule une pièce d'importation est présentée, tant la verrerie archéologique de cette époque est altérée. Aux alentours de l'an Mil apparait une lampe à appendice qui s'utilise fichée dans un support de bois ou de métal ou encore simplement tenue en main.
XIIIe siècle
Un renouveau morphologique marque la verrerie : ici, plus de gobelet, mais un verre à pied tronconique et panse côtelée. Le pichet à boire devient le récipient de table par excellence. A panse globulaire ou piriforme, il peut accueillir des décors qui reflètent le savoir-faire ornemental des potiers de l'époque, tel ce pichet à décor d'oiseaux. La tasse polylobée est fréquente entre le XIIIe et le XVe s. Cependant, sa fonction reste énigmatique : s'agit-il d'un bougeoir, d'une taste-vin, d'une tasse à condiments ?
Quant à l'exceptionnel baril en céramique, il pouvait autant servir de gourde qu'être posé sur une table. Cruche à bec verseur étiré et pincé, lampe, écuelle et cuillère en bois diffèrent peu des périodes précédentes.
XIVe siècle
L'évolution du verre à boire est sensible : le pied trapu devient tige, la panse s'ouvre, s'évase en coupe finement côtelée. De cette période relève l'unique tranchoir en étain découvert à Saint-Denis. Généralement en pain ou en bois, il fait office d'assiette.
Les écuelles, tournées dans du bois vert, se fendent souvent pendant ou après traitement conservatoire. Certains fonds présentent encore, imprimée au fer rouge, la marque de l'artisan, ou du propriétaire.
A cette époque, les cuillères en bois, au cuilleron sculpté et au manche tourné, imitent la forme et la finesse des pièces métalliques, ici une cuillère en alliage cuivreux.
Les pichets à boire sont devenus des récipients courants : leur glaçure est partielle et leur décor peu soigné. Pourtant, les poteries d'exception sont toujours fabriquées telle cette tasse quadrilobée ornée de motifs à la barbotine claire sur engobe rouge. Cruches et cruchon conservent la même physionomie, mais la lampe sur pied adopte un réservoir globulaire. Les couteaux en fer ont des manches en os ou en bois.
XVIe siècle
Coupelle et pichet en grès - étanches et faciles d'entretien -, assiette et réchaud de table à glaçure plombifère - ou "plommures"- attestent de la place que prend l'artisanat potier du Beauvaisis à cette époque. Malgré cette forte concurrence, les potiers franciliens continuent à produire.
Ils fabriquent surtout des récipients à glaçure vert sombre sur engobe rouge comme ce cruchon et cette lampe sur pied. Le verre à boire adopte une coupe et un pied de forme conique et le seul couteau repéré pour cette période est en fer à manche en os.
Quelques récipients médiévaux liés à la préparation, la cuisson et la conservation des aliments : coupelles, poêlons, couteau et mortier en pierre; chaudron tripode en bronze et poteries à cuire : coquemar et son couvercle, lèchefrite et terrines.