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- Une colonne de la basilique carolingienne
Plusieurs fosses dépotoirs fouillées dans le quartier d'habitation au nord de la basilique ont livré trois fragments provenant d'une colonne en marbre ornée de vingt-cinq cannelures torsadées. Cette découverte est à relier à une description de la basilique carolingienne par l'abbé Suger (1122-1151) selon laquelle ses colonnades comportaient une grande variété de marbre. De plus, la restitution du demi-diamètre du fût correspond très exactement aux rayons des trous d'encastrement pratiqués dans plusieurs bases cubiques que l'archéologue Sumner McKnight Crosby a mis au jour dans la nef de cette église, entre 1946 et 1948.
Or, ce fût de colonne est taillé dans du marbre de Synnada, carrière située près d'Afyon en Turquie, dont l'activité a cessé à la fin de l'Antiquité mais dont les produits avaient été expédiés dans tout le pourtour méditerranéen. Il a donc été prélevé dans un monument antique pour être remployé dans la basilique.
L'histoire de l'architecture carolingienne abonde d'exemples montrant à quel point les monuments antiques d'Italie furent convoités pour leurs marbres. Fulrad, abbé de Saint-Denis, effectua entre 750 et 757 plusieurs voyages à Rome en sa qualité de représentant du roi Pépin auprès du pape. On sait également que l'abbé conçut sa nouvelle église sur le plan des basiliques romaines. Mais eut-il les moyens de faire venir d'Italie des pièces telles que ce fût de colonne ?
350 ans plus tard, Suger dut restaurer la nef de l'église carolingienne. C'est peut-être à cette occasion que l'on remplaça cette colonne de marbre par un fût moderne.