Esagil est le nom cérémoniel du temple de Marduk à Babylone. Il signifie « Temple (é) dont le sommet (sag) est élevé (íl) » et il forme avec la ziggurat – ou temple-tour – Etemenanki (« Temple fondement du ciel et de la terre ») un vaste complexe cultuel de 20 hectares.

Il est situé au cœur de Babylone, dans le quartier appelé Eridu, la zone la plus sacrée de la ville. Les fouilles allemandes menées de 1899 à 1917 ont permis de dégager partiellement le Tell Amran ibn Ali où se situait le temple de l’Esagil, mais une partie non négligeable est encore enfouie sous la colline.

L’Esagil est considéré comme la résidence du dieu Marduk – communément appelé Bel, « Seigneur » – et de son épouse divine, Sarpanitum. Il est composé de plusieurs cours, de nombreux bâtiments, temples et chapelles dédiés à d’autres dieux, comme Enki, le père du dieu de Babylone, mais placés sous l’autorité de Marduk depuis son ascension au statut de roi des dieux. 

Historiquement, on trouve la première mention du temple de l’Esagil dans le texte YOS 9, 2 daté de 2500 av. J.-C. Les restaurations entreprises sur le temple sont ensuite très souvent citées dans les inscriptions royales. La dynastie néo-babylonienne en fit un monument splendide au VIe siècle av. J.-C., comme le montre cet extrait d’une inscription royale de Nabuchodonosor II (VAB 4, Nbk 9) :

« Avec de l’argent, de l’or, des pierres précieuses, du cuivre, du bois mushukkanu, du cèdre, j’ai fait resplendir l’Esagil, je l’ai fait briller comme les jours clairs ».

Le rôle éminent du dieu Marduk dans le panthéon babylonien fait de l’Esagil un lieu de rituels importants, comme ceux régissant la fête de l’Akitu, célébrant le Nouvel An babylonien. À partir de l’époque kassite et jusqu’à la période parthe, le clergé de l’Esagil et le milieu lettré qui s’y rattache ont joué un rôle religieux et culturel prééminent dans Babylone et ont participé à construire l’histoire du sanctuaire comme le lieu le plus sacré de la Babylonie.