Il est désormais acquis que les colons et les tailleurs de pierre venus de la région de Sana’a et de Mârib en Arabie du Sud verts le VIIIe siècle av. J.-C. ont introduit la langue sabéenne et l’alphabet dit « sudarabique » qui se sont répandus dans le Tigray et peut-être au-delà, et qui ont progressivement évolué. La plus ancienne attestation de l’alphabet éthiopien jusqu’à ce jour, dans un ordre toutefois différent de l’alphabet sudarabique, a été trouvée à Dakhanamo. Le Sabéen cesse donc de fonctionner comme langue écrite bien avant l’émergence du royaume d’Axoum au tournant de notre ère.

Le guèze émerge peu à peu, et se note – dans les inscriptions royales du temps d’‘Ezänâ – en deux écritures, une fois en écriture sudarabique et une fois en guèze non vocalisé.

Le changement majeur consiste, vers le IVe s. apr. J.-C. en l’introduction d’un système de notation des voyelles et la transformation de l’alphabet sudarabique originel en une sorte de syllabaire, c’est-à-dire un alphabet vocalisé, en modifiant la forme des lettres. En même temps, quelques-unes de 29 lettres sudarabiques sont éliminées car elles ne représentent plus des phonèmes éthiopiens du guèze. Au résultat, vingt-six lettres ont différentes formes indiquant les consonnes, suivies de voyelles. Les modalités de ce changement restent largement inconnues, mais certains savants supposent l’influence des textes brahmî ou karosthi.