Dans l’ensemble, l’habitat d’Axoum, malgré de nombreuses fouilles, reste peu connu. Quelques résidences ont été partiellement dégagées, quelques rares maisons aussi, mais il est à croire que l’habitat populaire restera inconnu. L’extension de la ville moderne rend désormais très difficile les fouilles des zones de l’habitat antique.

Rappelons tout d’abord les techniques de construction. Tous les édifices civils comportent des soubassements de pierre, hauts de 2 à 4 m, dont les murs intérieurs forment une trame régulière servant de fondations aux superstructures. De nombreux socles présentent des rentrants et des saillants, les façades de ces socles, montées en petit appareil polygonal, montrent des retraits réguliers de l'ordre de 5 cm, tous les 0,40/0,50 m. Ces soubassements sont flanqués d'escaliers extérieurs, longitudinaux ou perpendiculaires par rapport aux façades.

La grille des murs du socle détermine l'organisation du rez-de-chaussée. Comme dans l’architecture sudarabique, les murs de celui-ci ont été détruits par les incendies ou par l'érosion. Dans certains cas, des piliers de bois ont été disposés soit sur la tête de ces murs pour agrandir les pièces, soit sur des piles de maçonnerie édifiées dans les caissons. Le rez-de-chaussée comporte enfin un ou plusieurs escaliers installés dans les angles.

Les superstructures étaient composées, semble-t-il, d'une ossature de bois que les archéologues ont longtemps eubeaucoup de peine à restituer. Dès 1907, Daniel Krencker, le premier, avait restitué ce type de construction s'appuyant notamment sur les techniques traditionnelles axoumites et avait également établi des comparaisons significatives avec le décor des grandes stèles d'Axoum. Modillons, pseudo-boutisses (ou têtes de poutres) et panneaux encastrés dits à "fausses fenêtres" s'inspirent directement d'une architecture en bois commune aux deux côtés de la mer Rouge.

Palais

Trois palais ont été dégagés par la Deutsche Axum Expedition en 1906 :

Le plus grand, dénommé Ta’akhâ Mâryâm, de 120 m sur 80 m, comprend un anneau extérieur de pièces pourvues d’étages et de petites cours intérieures, de vastes cours intérieures et un édifice central sur podium, de 24 m de côté. On accède à cet ensemble par deux escaliers monumentaux, à l’ouest et à l’est ; des dispositifs architecturaux et des escaliers internes permettent de supposer au moins un étage dans l’anneau extérieur et plusieurs dans le bâtiment central.

Le palais d’Enda Mîkâ’êl, de 28 sur 34 m, consiste en un seul édifice bâti sur un puissant soubassement auquel on accède par deux escaliers symétriques au nord et au sud. Dans les angles, des saillants encadrent des pièces rectangulaires à piliers de pierre et deux halls centraux eux-aussi munis de piliers.

Enda Sem’ôn, de 35 m sur 41 m hors-tout, de conception similaire, comporte des saillants d’angle, encadrant de grands salles hypostyles et un hall central à piliers. Deux escaliers, de dimensions différentes, au nord et au sud, assurent les accès à cette résidence fortifiée.

A l’ouest de la ville, le « palais » de Dongour forme un quadrilatère irrégulier de 56 m sur 56,50 m. Dominant lacour de près de 1,80 m, l’édifice central de plan carré (de 18 m de côté) compte de puissants bastions latéraux. Deux halls principaux auxquels on accède par des escaliers symétriques, sont accolés selon un axe est-ouest, tandisque deux bastions servent de cages d’escalier. Ce soubassement est monté en maçonnerie régulière de moellons,renforcée aux angles par des blocs d’appareil régulier. Les retraits réguliers des assises donnent à cette constructionun aspect trapézoïdal commun à de nombreux édifices axoumites.

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Le Palais de Dongour, fouillé par F. Anfray, a été occupé aux Ve et VIe siècles. © Jean-François Breton 

Palais de Dongour, 2010. Piles de maçonnerie à l’intérieur d’une pièce en fondation destinées à supporter le sol du rez-de-chaussée. © Jean-François Breton 

Palais de Dongour. Restitution. © Francis Anfray
 

Aucune de ces résidences n’a livré ni de décor sculpté ou peint, ni statuaire ; à de rares exceptions près, Axoum semble dépourvu d’iconographie monumentale.

Maisons au nord du site

Deux maisons seulement, datées des environs du VIe siècle, ont été fouillées en 1995-1996. La première, à l’intérieur de la ville, bâtie en petit appareil, sans usage intensif de bois, était conservée sur une grande hauteur. La seconde, au nord de la ville, au plan complexe et aux altérations successives, comporte des cours intérieures et des pièces aux murs conservés sur près de 4 m de haut.

En conclusion, ce sont évidemment les grandes résidences qui permettent de restituer une image de la ville, mais l’habitat « populaire », en raison de l’extension moderne de la ville, demeurera pour longtemps méconnu.

Palais d’Enda Mikâ’ël. Reconstitution hypothétique (p. 107, fig. 245) © Daniel Krencker (1913)