Tout voyageur séjournant en "touriste" à Paris, se doit d'aller visiter la basilique de Saint-Denis.

En effet, depuis qu'en 1378, Charles IV, empereur du Saint Empire romain germanique, s'est arrêté à l'abbaye pour se faire présenter les reliques et joyaux du trésor, celui-ci jouit auprès des amateurs d'art d'un prestige croissant. La bibliothèque universitaire d'Utrecht conserve le journal de voyage d'Arnold Van Buchel, un avocat hollandais qui visita Saint-Denis en 1585. Le manuscrit est enrichi de plusieurs dessins pris sur le vif.

À l'époque, le trésor de l'abbaye comptait plus de quatre cents pièces comprenant les ornements de l'église (tables d'autels, retables, croix monumentales, reliquaires,...) et les équipements nécessaires à la célébration du culte (vêtements, calices, pièces d'orfèvrerie,...). S'y ajoutaient les regalia, instruments du sacre des rois de France (couronnes, sceptres, main de Justice,...) dont l'abbaye avait la garde depuis le XIIIe siècle.

L'Éléphant dit "de Charlemagne" en ivoire, de provenance indienne. IXe ou Xe siècle. © BNF, Cabinet des Médailles

Pour la plupart, ces objets étaient regroupés dans des armoires à l'étage du pavillon du trésor qui jouxtait l'église au sud. "Moyennant une légère rétribution au préposé à la garde", Van Buchel put ainsi voir : le chef-reliquaire de saint Benoît ; l'écritoire de saint Denis ; une dent de saint Jean l'Évangéliste contenue dans la statue reliquaire offerte en 1339 par la reine Jeanne d'Évreux ; la main de saint Thomas et un doigt de saint Barthélemy, tous deux présentés dans des monstrances ; l'ongle de griffon et l'Éléphant, la plus remarquable pièce des "échecs de Charlemagne" ; enfin, l'un des vases de Cana dans lesquels le Christ avait changé l'eau en vin. Dans l'église étaient exposés des os de baleines et dans la crypte on conservait une défense de narval qui passait pour une corne de licorne.

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Planche de l'Histoire de Dom Michel Félibien montrant l'une des armoires du trésor par N. Guerard, 1706.

Croquis du mausolée des Valois dessiné par Arnold Van Buchel en 1585 (University Library Utrecht, ms. 798 f° 182). Cl. University Library.

Dans le cloître, Van Buchel a dessiné le célèbre lavabo qui était constitué d'un bassin circulaire, d'une vasque supportée par des colonnettes et d'une fontaine à petits personnages. La vasque monolithe, de 3,80 m de diamètre, est toujours conservée dans le dépôt lapidaire de la basilique.

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Détail de la vasque en pierre conservée au dépôt lapidaire de la basilique, vers 1200. Cl. J. M. ; doc. UASD.

Le lavabo du cloître dessiné par Arnold Van Buchel en 1585
(University Library Utrecht, ms. 798 f° 181). Cl. University Library.