Alluvions

Sédiments fins ou grossiers (argiles, limons, sables, graviers ou galets) transportés et déposés par les cours d'eau.

André Leroi-Gourhan
1911-1986

Né en 1911 et décédé en 1986, c’est un autodidacte débordant de curiosité que son intérêt pour les langues orientales conduit vers l’ethnologie, avec un intérêt particulier pour l’étude comparative des techniques. Il participe activement à la création du musée de l’Homme à Paris dans les années 1930. Après la Seconde Guerre mondiale, nommé enseignant à l’université de Lyon puis à la Sorbonne, il ajoute la préhistoire à son horizon scientifique. En 1967, il crée au CNRS l’équipe « Éthnologie préhistorique », à laquelle appartiennent aujourd’hui beaucoup de chercheurs œuvrant à Étiolles. Les procédures qui y sont développées s’inspirent de la révolution méthodologique qu’André Leroi-Gourhan enclencha dès 1946 sur ses fouilles d’Arcy-sur-Cure (Yonne), puis à Pincevent (Seine-et-Marne) à partir de 1964. En parallèle, il développe une vaste étude d’esprit structuraliste sur l’art du Paléolithique récent européen popularisée par ses cours au Collège de France et plusieurs ouvrages.

Antilope saïga

Herbivore autrefois répandu dans les steppes eurasiatiques, vivant aujourd’hui en Asie centrale.

Archéozoologie

Étude des ossements d’animaux ayant pour objectif de reconstituer les relations entre les bêtes et l’Homme sur le site archéologique étudié. Avant les domestications, ce sont les orientations de la chasse que l’on essaye de reconstituer en déterminant quelles espèces ont été abattues, en quelle quantité et à quelle saison. On cherche aussi quelles étaient les tactiques de chasse au vu de ce que l’on sait du comportement de tel ou tel gibier et de ce qu’il nécessitait comme mode d’abattage (nécessairement collectif, par exemple, s’il s’agissait de troupeaux).

Azilien
Around 12,500-11,000 BCE

Courant culturel apparu en Europe occidentale après le Magdalénien vers 12 500 avant notre ère. Il est attesté jusque vers 11 000 avant notre ère alors que des forêts claires de bouleaux puis de pins remplacent les grandes steppes. Le renne disparaît de nos latitudes et le cerf devient le gibier principal, les chasses devenant moins planifiées et les déplacements nomades plus fréquents au cours de l’année. Les instruments en matières osseuses se raréfient tandis que la taille du silex est nettement simplifiée. C’est alors que disparaît l’art animalier si typique du Paléolithique récent européen, en particulier du Magdalénien, tandis que les grottes ne servent plus de sanctuaires. Ainsi une profonde révolution idéologique accompagne la transformation des modes de vie.

Bassin versant

Un bassin versant (ou bassin hydrographique) est une surface drainée par un fleuve, une rivière ou un ruisseau. Cette portion du territoire est relative à la position d’un exutoire, c’est-à-dire d’un point où toutes les eaux de surface qui ruissellent au sein du bassin versant vont se retrouver. Le bassin versant est limité par des lignes de partage des eaux, lignes de crête le séparant d’autres bassins. Il est donc lié à la morphologie du terrain et notamment à la direction des pentes.

Bâton percé

Connu dès les débuts du Paléolithique récent en Europe, ce type d’instruments en bois de renne se caractérise le plus souvent par une seule large perforation à la jonction entre branches de la ramure. La fonction — peut-être versatile — de ces objets fréquemment cassés à la hauteur de leur orifice fait l’objet de diverses hypothèses, aucune n’étant encore parfaitement validée : clef pour rectifier les pointes de sagaie, taquet pour coincer des cordes, instrument pour les tresser… 

Bec

Outil en silex sur lequel la retouche a permis de dégager une pointe robuste. La tracéologie montre que ces outils sont souvent utilisés durant le Magdalénien pour travailler les matières osseuses.

Burin

Outils en pierre (généralement en silex) sur lequel une retouche spéciale a permis de dégager à la fois un biseau et un tranchant plutôt robustes. La tracéologie montre que ces outils sont souvent utilisés durant le Paléolithique récent et notamment au Magdalénien pour travailler les matières osseuses.

Chasseurs-cueilleurs

Sociétés qui se procurent l’essentiel de leurs ressources par la chasse — éventuellement aussi par la pêche et la collecte de petits animaux — ainsi que par la cueillette. La quantité en ressources disponibles variant souvent selon les saisons, ces sociétés sont généralement nomades. Il peut arriver qu’elles se sédentarisent dans des régions où le cumul des disponibilités crée de l’abondance toute l’année, ou bien à des endroits où une ressource en particulier est acquise en grande quantité et stockée ensuite. Des inégalités sociales s’observent dans ces sociétés sédentaires alors que les chasseurs-cueilleurs nomades sont reputés pour leur absence de hiérarchie sociale.

Crête

Sur un nucléus, arête confectionnée par le tailleur en sculptant le volume à tailler.

Cycle glaciaire

Le climat de notre planète est marqué depuis environ -2,6 millions d’années (période Quaternaire) par une alternance entre des cycles glaciaires et d’autres plus cléments, nommées interglaciaires. Les cycles glaciaires sont environ cinq fois plus longs que les interglaciaires et présentent des durées moyennes d’environ 100 000 ans depuis les derniers 600 000 ans. Cette cyclicité est liée à la position de la terre par rapport au soleil, notamment aux oscillations périodiques de son orbite. Le Weischsélien est le nom donné au dernier cycle glaciaire en Europe du Nord. L’Interglaciaire qui a suivi, depuis environ 12 000 ans, est nommé l’Holocène. Les vestiges archéologiques retrouvés à Étiolles datent du Tardiglaciaire, période qui marque la fin du Weischsélien et la transition vers l’Holocène.

Débitage

Action consistant à fractionner méthodiquement une roche, un os ou un bois de cervidé pour obtenir des produits — par exemple des lames ou des baguettes osseuses — servant ensuite comme outils, après éventuelle retouche ou autre modification.

Diagnostic

Étude d’impact archéologique — par des tranchées généralement — précédant les grands aménagements affectant le sous-sol. En cas de découvertes intéressantes, des fouilles préventives peuvent être prescrites par le ministère de la Culture.

Éclat

Produit court et large résultant de la taille des pierres. 

Fouilles de sauvetage

Avant que s’élaborent, dans les années 1990, de véritables fouilles préventives, avec leur législation et leurs organismes dédiés, on parlait de « sauvetage » pour les interventions archéologiques se déroulant dans l’extrême urgence et sans anticipation, à l’occasion de découvertes fortuites lors d’aménagements du sous-sol. En parallèle, l’absence de prévention occasionnait de nombreuses destructions sans aucune intervention des archéologues.

Fouilles préventives

Alors que pour Étiolles on parle de « fouilles programmées », la plupart des recherches archéologiques en France se font aujourd’hui dans une logique de prévention des destructions maintenant que l’on ne pratique plus de fouilles de sauvetage imprévues. Depuis 1992, et la signature par les pays de l’Europe d’une convention de protection archéologique, des sondages se déroulent dès l’étude d’impact (voir diagnostic) précédant les grands aménagements affectant le sous-sol. On évalue par des tranchées le potentiel archéologique et, si les découvertes sont importantes, le ministère peut prescrire une fouille de courte durée, inscrite au budget de l’aménagement. Cette archéologie ayant de courts délais, elle exige des équipes très performantes relevant d’organismes publics comme l’INRAP ou les services de certaines collectivités territoriales ou bien encore d’entreprises privées agréées par l’administration.

Fouilles programmées

Recherches archéologiques respectant un programme scientifique défini avec les services compétents du ministère de la Culture et dont les résultats sont régulièrement évalués par des experts. C’est le cas en particulier quand le terrain n’est pas menacé par des aménagements comme à Étiolles, propriété du conseil départemental de l’Essonne qui participe à l’élaboration du programme scientifique et finance les fouilles aux côtés du ministère de la Culture.

Gneiss

Roche métamorphique.

Grattoir

Outil en silex dont l’extrémité a été rendue régulièrement convexe par la retouche. La tracéologie montre que ces outils sont souvent utilisés durant le Magdalénien pour préparer des cuirs à partir des peaux animales (enlever notamment la chair adhérant à l’épiderme).

Holocène

L’Holocène est le nom donné à la période interglaciaire qui a succédé au dernier cycle glaciaire. Cette période tout de suite chaude par rapport à ce qui précède, a débuté il y a environ 12 000 ans et elle est encore en cours de nos jours. D’un point de vue archéologique, l’Holocène regroupe toute l’histoire postérieure au Paléolithique et commence avec celle du Mésolithique. L’environnement est tout d’abord transformé par le réchauffement climatique naturel et la reconquête végétale qui l’accompagne. Depuis le Néolithique et l’invention de l’agriculture, l’impact de l’homme sur l’environnement s’amplifie en lien avec l’augmentation de la population. Sur le site d’Étiolles, cette période néolithique est marquée par des couches de colluvions, c’est-à-dire des sédiments déposés en bas de pente suite à l’érosion, ici principalement agricole.

Lagopède

Genre d’oiseaux vivant aujourd’hui en altitude, bien adapté au froid.

Lamelles

Produits allongés, courts et très étroits résultant de la taille des pierres. Typiques du Paléolithique récent en Eurasie, elles ont généralement été utilisées pour renforcer le pouvoir létal des armes soit comme pointes soit comme tranchants latéraux.

Lames

Produits longs, étroits et minces résultant de la taille des pierres. En Europe durant le Paléolithique récent, la plupart des outils en silex ont été faits sur des lames taillées selon des méthodes plutôt raffinées qui varient selon les habitudes culturelles. Celles qui caractérisent le Magdalénien sont particulièrement exigeantes, notamment à Étiolles où les longueurs atteintes par certaines lames constituent de véritables prouesses.

Lance

Longue arme plutôt utilisée fermement tenue en main que comme arme de jet.

Loess

Sédiments très fins transportés et déposés par les vents durant les périodes très froides du Quaternaire

Malacologie

Étude des mollusques. Les coquilles des invertébrés terrestres comme les nombreux escargots se conservent dans les sédiments. En déterminant, à partir de l’aspect de la coquille, les espèces pour chaque couche, on peut connaître le climat ambiant, le degré d’humidité et le type de couvert végétal.

Moraine

Fragments de roches érodés et transportés par les glaciers qui s’accumulent sur leurs bords, ceux-ci changeant selon l’ampleur de l’englacement. 

Nucléus

Volume d'un matériaux dur (comme le silex) utilisé comme matrice pour le débitage. Conformé pour cela, il est abandonné quand sa morphologie résiduelle ne permet plus de détacher les produits souhaités, par exemple les lames que recherchaient les Magdaléniens.

Perçoir

Outil en silex sur lequel la retouche a permis de dégager une pointe fine. La tracéologie montre que ces outils sont souvent utilisés durant le Magdalénien pour percer les pièces de cuir afin de les assembler.

Percuteur

Instrument plus ou moins dur et élastique, en pierre (par exemple du grès) ou en bois de renne, servant à tailler le silex.

Photogrammétrie

La photogrammétrie est une méthode de relevé en trois dimensions d'un objet, d'une structure, voire d'un site tout entier. Après une première phase d'acquisition d'un nombre important de photographies (grande surface de recouvrement), une seconde phase consiste à analyser et traiter ces images à l'aide d'un logiciel qui va reconstruire le volume par le biais d'algorithmes. Combinée à des prises de mesures, la photogrammétrie permet d'obtenir des images à l'échelle en deux ou en trois dimensions. Fondée sur le principe de paralaxe et de stéréoscopie, cette méthode est particulièrement utile pour la numérisation d'objets ou de sites archéologiques. L’évolution de la discipline permet d’obtenir aujourd’hui, en un temps record, une restitution 3D de vestiges sur lesquels les chercheurs peuvent revenir, travailler, prendre des mesures, etc.

Cette technique se développe dans toutes les disciplines, de l'art pariétal à l'archéologie urbaine en passant par l'étude des objets issus des fouilles. Elle ouvre également des champs d'études nouveaux comme sur des gisements sous-marins à grande profondeur où la photogrammétrie tend à se substituer aux travaux de dessins manuels.

Consulter la notice "photogrammétrie" du centre national de ressources textuelle et lexicale (cntrl)

Plan de frappe

Sur un nucléus, surface sur laquelle le tailleur porte des coups à l’aide d’un percuteur pour détacher des produits de débitage comme des lames ou des lamelles.

Quaternaire

Nom de la dernière période géologique dont le début a été fixé à -2,6 millions d’années. Sous nos latitudes, cette vaste période est marquée par de nombreuses alternances de grande ampleur entre climats froids (cycles glaciaires) et tempérés. Les moments les plus froids ont occasionné une importante érosion des roches produisant des sédiments qui se sont accumulés ailleurs sur de grandes épaisseurs après transport par les cours d’eau (alluvions), par le vent (lœss) ou par gravité le long des pentes (colluvions).

Radiocarbone

On dit aussi Carbone 14 (14C). Il s’agit d’un isotope radioactif du Carbone absorbé par tous les êtres vivants et dont la teneur décroît après la mort de l’organisme jusqu’à disparaître au bout de 50 000 ans. L’âge de certains vestiges organiques (os et charbons) du Paléolithique récent peut donc être estimé en calculant la proportion résiduelle de 14C. Cette estimation est moins précise à mesure que l’on remonte le temps et dépend aussi des fluctuations du taux originel de 14C dans l’atmosphère : à l’époque d’Étiolles, l’approximation atteint presque 500 ans.

Remontage

Méthode d’étude consistant à rassembler les divers fragments d’un bloc de pierre (taillé ou éclaté par le feu). On peut ainsi retracer les déplacements de ces différents fragments dans l’habitat. Il est aussi possible, quand il s’agit de taille intentionnelle du silex, de démonter ensuite le bloc reconstitué de façon à suivre, geste par geste, l’enchaînement technique suivi par le tailleur préhistorique.

Retouche

Action consistant à conformer par de tout petits enlèvements de matière un produit de la taille des roches pour qu'il serve d’instrument doté d'une morphologie particulière (par exemple une pointe ou bien un arrondi ou encore un tranchant, etc.).

Retouchoir

Instrument en matière osseuse utilisé pour la retouche des produits de la taille des roches.

Roche siliceuse

Roche sédimentaire contenant de la silice comme le silex, le quartzite ou le grès.

Sagaie

Longue arme de jet inventée au Paléolithique récent. Seules sont préservées les pointes, généralement en bois de renne. Elles étaient attachées à l’extrémité d’un long fût en bois végétal qui ne s’est jamais conservé, tout comme la plupart des objets faits dans ce matériau à cette époque. Les Magdaléniens hérissaient les pointes de sagaie de lamelles en silex pour augmenter leur capacité vulnérante.

Sédiment

Dépôt — par un cours d’eau notamment — de particules rocheuses démantelées au préalable par l’érosion.

Spermophile

Genre parmi les rongeurs regroupant des espèces affectionnant les steppes. On dit ausssi « souslik » ou « écureuils terrestres ».

Stratigraphie

Désigne à la fois l’empilement des couches géologiques et son étude qui permet de déterminer la chronologie (la plus profonde couche étant la plus ancienne) et le mode de dépôt (à Étiolles, selon les moments, par la Seine ou par le cours d’eau qui forme actuellement le ru des Hauldres).

Structure d'habitat

Terme introduit par André Leroi-Gourhan pour l’analyse du site magdalénien de Pincevent (Seine-et-Marne). Il désigne un groupement significatif de vestiges archéologiques. On distingue des structures « évidentes », directement visibles à la fouille (un foyer, un amas de silex taillés, un alignement de pierres, etc.) et des structures « latentes », révélées par l’analyse spatiale, comme les aires d’évacuation de déchets de silex ou de pierres mises en évidence grâce aux remontages.

Tardiglaciaire

Le Tardiglaciaire est une période climatique qui marque la fin du dernier cycle glaciaire, le Weichsélien. Elle correspond aux premières traces de réchauffement climatique et de déglaciation faisant suite au dernier maximum glaciaire (il y a 20 000 ans environ), période la plus froide du dernier cycle glaciaire. En Europe du Nord-Ouest, le Tardiglaciaire est marqué par des oscillations fortes et rapides du climat, entre des phases plus clémentes et d’autres plus froides, avec, entre ces périodes, des différences de température moyenne annuelle de l’ordre de 5 °C entre ces périodes. Les vestiges archéologiques retrouvés à Étiolles remontent au Tardiglaciaire, mais, en raison de l’imprécision des datations, ils ne sont pas encore attribués à un climat bien déterminé. C’est un des sujets de recherche en cours sur le site.

Technologie

Au sens strict, étude des techniques.

Territoire

Les définitions de ce terme sont variables selon qu’il est utilisé par les géographes, les spécialistes du comportement animal ou les anthropologues. En préhistoire, il est souvent employé dans un sens restreint pour désigner la portion d’espace qu’un groupe de chasseurs-cueilleurs parcourt durant ses déplacements annuels pour subvenir à ses besoins en nourriture et en équipement. Ce faisant, tout groupe humain se construit un système de représentation de l’espace qui l’entoure : en plus d’une connaissance parfaite des ressources disponibles, il devait exister une perception symbolique du territoire habité et parcouru par les sociétés préhistoriques.

Thérianthrope

Du grec thérion : animal sauvage et anthropos : homme. Un ou une thérianthrope est un dieu ou une créature dotée d’attributs humains et animaux (comme par exemple la déesse égyptienne Sekhmet à corps de femme et tête de lionne). Plus spécifiquement, un être humain qui se transforme en animal et vice versa, tel que le loup-garou.

Tracéologie

Méthode d’étude consistant à examiner à divers grossissements (depuis l’œil nu jusqu’au microscope électronique) les surfaces et bords des instruments préhistoriques pour en déterminer le mode d’usage. Les traces sont plus ou moins visibles selon la dureté du matériau travaillé ainsi que la force et la vitesse du geste : ainsi une pointe de projectile peut présenter des cassures importantes si elle a buté sur un os de la proie tandis qu’un outil pour assouplir une peau ne présentera que des usures microscopiques. Pour interpréter l’origine de celles-ci ou d’endommagements plus nets sur les instruments archéologiques, il faut les confronter à des référentiels de traces obtenus sur des répliques expérimentales employées pour diverses activités (tir de projectiles, travail des peaux, etc.).