Le renne et le cheval sont les proies privilégiées des Magdaléniens du Bassin parisien sur lesquelles repose leur subsistance. Pour autant, on constate une diversité des pratiques de chasse qui tient peut-être à la durée ou à la saison d’occupation des campements, à moins qu’elle ne reflète des types de planification économique différente. Ainsi, on constate sur le site de Pincevent une alternance dans les gibiers prioritaires : dans certains niveaux, le renne fait l’objet d’un abattage massif et certainement collectif (76 individus rapportés sur le niveau IV-20 par exemple) tandis que rennes et chevaux sont chassés conjointement dans d'autres niveaux (niveau IV-0). À Étiolles aussi, une certaine alternance est constatée même si elle est moins nette : dans un des niveaux du locus 1, une concentration d’os de chevaux (« l’Amas de cheval ») résulte de l’abattage simultané de trois animaux au printemps, alors que, dans le locus 2, plusieurs occupations révèlent une chasse, peut-être individuelle, de petits groupes de rennes au cours du printemps ou de l’été. 

Des armes aux tactiques de chasse

La relative diversité observée dans l’armement des chasseurs magdaléniens, et en particulier dans la gamme des compléments en silex, pose la question d’une variabilité des tactiques de chasse. Aux lamelles retouchées qui agrémentent traditionnellement les pointes de sagaie en bois de renne des Magdaléniens s’ajoutent parfois des petites pointes en silex dans les gisements de Cepoy (Loiret), de Marsangy (Yonne) et dans plusieurs locus du Tureau des Gardes (Seine-et-Marne). On ignore pour l’instant si ces pointes étaient utilisées à l’extrémité de lances, de sagaies ou de flèches. Leur présence — qui relie l’armement local aux expressions les plus septentrionales et tardives du courant magdalénien —  est-elle le reflet de techniques de chasse particulières ? 

On ne constate pas de lien particulier entre le choix des armes (pointes ou lamelles retouchées) et l’espèce chassée, renne ou cheval, ni avec une tactique de chasse (individuelle ou collective). Ainsi, la variabilité des armes de chasse renvoie peut-être à d’autres paramètres plus subtils encore, tels que le placement des chasseurs au moment de l’abattage, la configuration précise de la topographie choisie, la taille des troupeaux de gibiers, la saison de chasse...