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- Le galet gravé d’Étiolles
- Une découverte majeure
- Un riche témoignage artistique
- Le recto
Le recto est couvert de fines gravures qui n’ont été décryptées qu’au terme d’une observation très minutieuse.
Occupant l'essentiel de la surface, un cheval complet en profil gauche se détache. À l'aine, un fourreau discrètement indiqué permet d'identifier un étalon représenté comme s’il était couché sur le flanc, l’œil fermé, la bouche ouverte, membres inertes, agonisant. Au-dessus du cheval, un motif fermement gravé sur le bord évoque un signe en flèche.
Le cheval
En profil gauche, le cheval possède quatre membres, longs et fins, dessinés en perspective, ceux du côté droit sont interrompus un peu avant le corps, marquant ainsi le plan le plus éloigné du spectateur. À l’exception de la patte avant droite en appui, ces membres flottants semblent faiblement animés. L’encolure, courte et puissante, supporte une tête au repos et une crinière hérissée, gravée en trois étapes. L’oreille se distingue difficilement de la crinière. La ligne du dos ne se raccordant pas à la première version de la crinière, il est probable que le graveur a d’abord conçu une tête isolée, avant d’exécuter la figure complète.
Des lignes sinueuses sur le corps, la joue et le museau marquent des différences de couleur dans la robe. Il est possible qu’elles aient délimité un remplissage coloré, peut-être rouge à l’instar de certains chevaux magdaléniens peints sur paroi, par exemple à Ekain. Aucune trace de pigment n’a été observée mais la présence de nappe d’ocre rouge entourant le foyer où fut découvert le galet, viendrait soutenir l’hypothèse.
Le volume de l’épaule est dégagé par de fines courbes ; de même les jarrets et sabots sont bien détaillés, malgré la forme énigmatique des sabots avant droit et arrière gauche. Le sabot avant droit est muni d’une protubérance vers l’avant, due peut-être à un incident technique ou à un geste trop rapide. Le sabot arrière gauche montre une première version appointée, inexplicable sur le plan anatomique : il fut repris par un dessin de sabot normal pour un équidé.
Sur la face interne de la patte avant droite est discrètement figurée la châtaigne, excroissance cornée typique des chevaux. Ce détail rarissime dans l’art paléolithique souligne le naturalisme de cette figure.
De la bouche ouverte s'échappent des traits courts qui évoquent la langue, à moins que l’animal ne soit en train de cracher ou de souffler. L'œil est dessiné par deux tirets convergents, comme si la paupière était fermée.
Deux signes en blessures marquent le flanc, l’un d’eux prolongé par une courbe dirigée vers le bas. Un signe de même type est superposé à l’antérieur droit. L’ensemble de ces détails suggère que le cheval est sans doute mourant, couché sur le flanc, l’œil clos et la bouche ouverte.
Relevé du recto.
© Carole Fritz, Gilles Tosello
1 : Relevé de la tête du cheval avec la première version de la crinière.
2 : Relevé sélectif du cheval complet et des signes paraissant associés.
© Carole Fritz, Gilles Tosello
Hypothèse de restitution du cheval avec une robe de couleur rouge.
© Carole Fritz, Gilles Tosello
Cheval gravé, noir et rouge de la grotte basque d’Ekain. Noter la forme de la surface peinte en rouge sur le corps du cheval.
© J. Altuna
Extrémité des membres des chevaux du galet.
1 : sabot antérieur droit (cheval du recto).
2 et 3 : sabots postérieurs gauche et droit (cheval du recto).
4 : sabot antérieur gauche du cheval gravé au verso
© cl. C. Fritz
Comparaison du cheval gravé au recto avec une planche anatomique d’équidé actuel. Les flèches désignent les châtaignes (torus carpeus) visibles sur les membres antérieurs.
© d’après Ellenberger, Baum et Dittrich, 1949
Détails de la tête du cheval du recto. Noter les traits courts qui semblent sortir de la bouche ouverte.
© cl. C. Fritz
La thérianthrope
Le bord droit du galet est occupé par une gravure dont la détermination n’est pas immédiate. Combinant des attributs animaux et humains, cette créature est un thérianthrope de genre féminin car un sein est visible sous le bras levé.
Dressée à la verticale, le dos droit comme un humain, la créature possède une tête à l'occiput arrondi, au museau prognathe portant des moustaches de carnivore et une longue barbe bifide. Le cou se raccorde directement à un bras replié, au coude nettement marqué et à la main pourvue de cinq doigts ou griffes, brandissant un trait que recoupe un motif en fuseau, placé devant le museau. Au-dessus de la tête, on discerne de nombreux tracés confus dont nous n’avons rien extrait de concluant, certains évoquant une sorte de couvre-chef (?).
Le reste du corps correspond à celui d'une femme au sein pendant et au ventre gonflé ; le membre inférieur est à peine esquissé.
Relevé sélectif et vue rapprochée de la thérianthrope gravée derrière le cheval.
© doc. C. Fritz – G. Tosello
Détails de la tête, du bras et du sein de la thérianthrope.
© doc. C. Fritz – G. Tosello