Les vestiges de l'Ancien Empire ont été recouverts par une épaisse couche de sable éolien dans laquelle ont été mises au jour des vestiges de différentes périodes. 

Un relief de l'époque ramesside

Dans cette couche, un relief sculpté en creux a été retrouvé dans le secteur nord, abandonné face contre le sol. Si, pour l'instant aucune tombe du Nouvel Empire n'a été découverte dans notre secteur, il n'en est pas de même en d'autres points du site de Saqqara et particulièrement au sud, de l'autre côté de la chaussée d'Ounas, où une nécropole de cette époque a été fouillée.

Ce bloc est orné d'une scène d'offrandes, l'inscription hiéroglyphique en nomme les acteurs. Un personnage masculin du nom de Hâpyaâ offre un plateau chargé d'offrandes alimentaires au taureau Apis coiffé du disque solaire, debout sous un dais. Une des tranches porte également un décor sur deux registres, indiquant que ce bloc provient d'un angle.

Les inhumations de l'époque tardive

Les sarcophages sont directement posés sur le sable, sans ordre précis, parfois sur plusieurs couches ; presque tous sont orientés tête à l'ouest. Parfois un mobilier funéraire les accompagne : amulettes, perles de résilles, ouchebti, céramique.

Cercueil

Ce cercueil (n° 24) qui contenait le squelette d'un enfant de quatre ans recouvert d'un linceul, provient du secteur nord-est où l'on note la plus grande concentration d'inhumations. De forme rectangulaire ou momiforme, ces cercueils exceptionnellement en bois, sont pour la plupart faits d'un amalgame de morceaux de bois noyés dans une gangue de terre crue, ce qui explique leur grande fragilité.

Certains, comme celui-ci ont reçu un décor polychrome : perruque et visage, large collier sur la poitrine et formule d'offrandes funéraire classique qui malheureusement ne mentionne pas le nom du défunt.

Planche d’amulettes oudjat

Les amulettes, objets magiques de petite taille, taillés ou moulés dans des matériaux divers, étaient destinées à protéger les vivants comme les morts qu'ils accompagnaient dans la tombe, depuis l'époque prédynastique jusqu'à l'époque romaine.

L'amulette qui représente un oeil oudjat est la plus fréquente et celle qui a la plus longue durée de vie, de la VIe dynastie à l'époque Romaine. Les exemplaires retrouvés à Saqqara sont tous en faïence et montrent leurs grandes variétés. L'oeil oudjat est l'oeil sacré d'Horus, symbole de ce qui est sain et complet, il a un rôle protecteur.

Tête de Bès

Le dieu Bès, entité bienfaisante sous la forme d'un nain barbu au visage léonin est souvent représenté de face. Protecteur des femmes enceintes, il les aide à accoucher et éloigne les esprits maléfiques. De nombreuses amulettes à son image ont été retrouvées sur le site : debout de face, jouant de la lyre en dansant. C'est à partir de la 3e Période Intermédiaire, qu'apparaissent les amulettes en forme de tête de Bès surmontée de la coiffure de plumes. Une autre tête de Bès en faïence jaune a également été retrouvée

Chaoubti

De très nombreux fragments de figurines de serviteurs funéraires ou ouchebti ont été retrouvés un peu partout sur le site et à différents niveaux. Ces statuettes destinées à remplacer le défunt dans les travaux agricoles à exécuter dans l'Au-delà étaient déposées, en plusieurs exemplaires, dans la tombe. Celui-ci, bien qu'incomplet, tient ses outils de travail, deux houes et un petit panier pour transporter le sable. L'inscription a heureusement conservé le nom de son propriétaire : Psammétique, fils de Neithtays.

Moule à figure de cire

Cette petite dalle qui porte l'image d'un oiseau taillée en creux est un moule univalve. Il était utilisé pour la fabrication de figurines en cire à dos plat, en forme d'oiseau "benou" (héron cendré) que l'on retrouve sur les momies à la Basse Époque. L'oiseau peut également être représenté debout.

Cet oiseau sacré d'Héliopolis, lié au culte solaire, manifestation des dieux Rê et Osiris est un symbole de renaissance. Il est le prototype du phénix grec

Sachets de natron

Cet ensemble de 10 sachets de lin contenant du natron a été découvert dans le secteur nord, au même niveau que les inhumations. Le natron en poudre (à base de chlorure de sodium = sel gemme) était conditionné dans de petits sachets confectionnés à partir de carrés de toile dont les 4 coins étaient rabattus vers le centre après remplissage, l'ensemble étant maintenu par une cordelette.

Ces sachets faisaient partie du matériel nécessaire à la préparation des corps, on les plaçait dans la cage thoracique du cadavre pour le dessécher et on les enlevait avant de poursuivre la momification du corps.

Figure divine

La déesse Isis, coiffée d'une paire de cornes enserrant le disque solaire, est assise et allaite son fils, le jeune dieu Horus assis sur ses genoux. La restauration a mis en évidence des restes de dorure. La figurine complète montrait la déesse assise sur un siège et fixée dans un socle comme l'indique le tenon sous les pieds. Les figurines représentant les divinités égyptiennes connaissent un grand succès à la Basse Époque.

Nous ne sommes pas tellement éloignés du Sérapeum sous le dromos duquel des centaines de figurines en bronze représentant les divinités égyptiennes ont été retrouvées.

Les occupations des époques romaine et byzantine

Du niveau romain et byzantin qui recouvrait le niveau des inhumations des époques tardives, il ne reste plus que des îlots qui entourent et surplombent la cuvette au fond de laquelle se trouve le complexe funéraire d'Akhethétep. Trois secteurs ont été fouillés et étudiés, au sud, au nord et au sud-ouest.

Outre les vestiges architecturaux (murs de briques crues avec des remplois de blocs en calcaire plus anciens dans les assises inférieures, enduits sur certains sols et enduits peints sur les murs, bases de piliers et chapiteaux géminés, linteaux), de nombreux objets ont été mis au jour : papyrus inscrits en copte ou en arabe, outillage de tisserands, fragments de tissus, objets de toilette comme des stylets à kohol ou des peignes doubles, éléments de serrures, panier, reliefs de repas...

Nous sommes en face de structures à usage domestique en relation avec le monastère Saint-Jérémie situé à environ 100 mètres au sud-est de notre secteur, de l'autre côté de la Chaussée d'Ounas. Ces structures semblent avoir été utilisées entre le VIIe et le début du IXe siècle de notre ère.

Sauf-conduit

Ce papyrus fragmentaire, écrit en arabe, porte la date du 1er jour du mois de Ragab en l'an 133 de l'Hégire (le 2 février 751 de notre ère). C'est un sauf-conduit, signé par les représentants du gouverneur arabe du Caire permettant à un habitant copte de la région de Memphis de travailler au Caire et en Basse Égypte pour une durée de trois mois.

Les Coptes, assujettis à la capitation, devaient travailler pour payer cet impôt et pour cela quitter leur monastère. Leur déplacement, comme leur séjour étaient régis par des sauf-conduits sur papyrus, que le bénéficiaire devait toujours avoir sur lui.

Ce document nous donnent ainsi quelques informations sur les relations que la population chrétienne de Saqqara entretenait avec le gouvernement abbasside.

Tissus coptes : morceau de galon

Plusieurs fragments de tissus, principalement des galons et des médaillons ont été retrouvés dans les installations coptes ainsi que des outils de tisserand (fuseaux et fusaïoles, peignes pour tasser les fils de chaîne, navettes...) et des éléments de métiers à tisser en bois. Les monastères possédaient leurs propres métiers à tisser. Ces pièces d'étoffes à motifs animalier, floral ou géométrique, ornaient les tuniques et les châles en lin. Tissés à part, sur une trame en lin et chaîne de laine teinte, ils étaient ensuite cousus sur les vêtements.

Les tissus et leur fabrication ont joué un rôle important dès le début de la civilisation égyptienne. L'Égypte, grand fournisseur d'étoffes à l'Époque Romaine, continuera à exporter sa production de qualité sous les conquérants arabes.

Bassin

Ce bassin, sorte de lavabo est malheureusement fragmentaire. La vasque centrale n'est pas percée. Il est décoré d'une tête de lion stylisée en haut relief. L'image du lion était associée à l'eau depuis l'époque pharaonique comme le montrent les gargouilles des temples d'époque ptolémaïque. Sur un des côtés, une croix a été sculptée sur le décor gravé qui dessine une suite de triangles entre deux lignes horizontales couvrant le pourtour du bassin de part et d'autre de la tête animale.

On retrouve ce décor sur d'autres objets en calcaire d'époque romaine et byzantine comme les lampes triangulaires ou de petits bouchons.  

Support de jarres

Plusieurs grandes dalles de calcaire creusées de cuvettes ont été retrouvées dans les installations romaine et byzantine, au nord et au sud-ouest. Elles servaient de supports de jarres. Les vases en terre cuite poreuse étaient posées dans les cuvettes et régulièrement humidifiées, cela permettait de conserver l'eau fraîche grâce à l'évaporation. Ce support fragmentaire, creusé de 3 cuvettes dont 2 sont percées porte une inscription copte gravée sur sa tranche : "Anoup, Phib et ses frères".

Un exemplaire complet comptant 4 cuvettes provient du monastère de Saint Jérémie.

Linteau inscrit

Ce linteau, brisé en deux a été retrouvé face inscrite contre le sol. L'inscription gravée en creux, sur une seule face, est peinte en rouge : "Ô Père, Fils, Saint Esprit, Mikhaïl" d'un côté de la croix centrale et "Abbé Jérémie, abbé Enoch, abbé Amoun" de l'autre. Ces trois abbés sont mentionnés dans les textes provenant du monastère de Saint Jérémie.

Deux autres linteaux ont également été retrouvés. L'un, réutilisé comme seuil de porte lors de la dernière occupation du secteur romain et byzantin sud-ouest était inscrit et décoré de plusieurs croix ; le second ne portait aucun décor.

Chapiteau géminé

Plusieurs chapiteaux et bases de pilastres géminés ont été retrouvés dans ou autour des installations coptes. Une base était encore en place dans une des pièces de la maison sud. La face arrière plane, ne porte aucun décor car elle était encastrée dans le mur. Base et chapiteau semblent donc avoir été les seuls éléments en pierre du pilastre. Les chapiteaux sont ornés de motifs végétaux plus ou moins stylisés.

Cheval

Cette plaque taillée en forme de cheval est tout ce qu'il reste d'un jouet. Il faut imaginer le cheval monté par un cavalier et muni de roues dont l'axe s'insère dans les deux trous percés à la base. Un reste de ficelle fixée sous l'encolure permettait de le tirer.

Les exemplaires complets, conservés dans les musées, nous montrent qu'il existait également des figurines faites de deux plaques en forme de cheval entre lesquelles était placé le cavalier. Ces objets ont été retrouvés soit dans des tombes soit dans des maisons.

Clochette

Deux clochettes ont été mises au jour sur le site. Ces petits instruments en métal, fabriqués dans des moules en plâtre, pouvaient avoir plusieurs utilisations. Suspendues au cou des animaux, elles permettaient de suivre leurs déplacements. Elles pouvaient aussi faire partie du harnachement des chevaux ou des dromadaires ou appartenir à un instrument de musique. D'autres, découvertes dans des tombes de femmes ou d'enfants, devaient avoir un pouvoir prophylactique. Certaines enfin avaient enfin un usage liturgique. Celle-ci décorée d'un double croisillon a perdu son battant.