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Dans la chapelle, l'image est liée à l'espace architectural et à son fonctionnement rituel. Cet espace est d'une extrême simplicité : de plan rectangulaire, il est ouvert sur la face est.
L'organisation du décor peut être déduite de l'étude des différentes parois, murs et embrasures, où le découpage en registres et tableaux, délimités graphiquement par les lignes des registres et les colonnes de hiéroglyphes, est clairement intelligible.
Dans sa disposition, le décor atteste aussi bien des relations étroites, visibles entre les parois nord et sud, toutes deux dévolues à l'offrande alimentaire, que des divergences marquées dans l'orientation des personnages des parois nord, vers la fausse-porte, et est, vers la représentation du défunt.
Ainsi, sur la plupart des murs de la chapelle, il existe une corrélation entre la fonctionnalité religieuse de l'architecture et son décor.
Mur Sud
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Le mur sud est sculpté de la longue liste des mets, le "menu", qui surmonte l'étroite fente du serdab.
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C'est derrière ce mur que se situe la pièce aveugle où sont déposées les statues par l'intermédiaire desquelles le défunt peut se rassasier d'offrandes. Les statues demeurent visibles car la fente est ménagée au niveau de leurs yeux, ce qui devait aussi avoir une vocation apotropaïque. Cette paroi est la seule à ne pas figurer le défunt, mais il est présent tout de même par l'ouverture sur ses statues. Partout ailleurs, sa présence ordonne l'espace décoré. La nourriture, gage de survie dans l'au-delà, est une croyance très ancienne.
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Le "menu" regroupe les différents éléments de la liturgie d'offrande telle que la restituent les textes des pyramides royales ; rites préparatoires, premier repas ou "déjeuner", repas principal dans la "carte" duquel le défunt se servira à sa guise. Les registres inférieurs montrent des offrandes plus réalistes. Les animaux provenant de la savane plutôt que de l'élevage sont une caractéristique de l'Ancien Empire.
Mur Ouest
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Derrière le mur ouest, c'est le désert et la nécropole : les deux stèles fausse-porte, passage entre le monde des vivants et celui des morts, sont adossées au mur occidental et font face à l'entrée.
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Ce mur, aux grandes surfaces planes, appelle une mise en couleur plus élaborée que la simple coloration des panneaux historiés. Les motifs répétés sont exécutés directement au pinceau, on ne trouve pas trace d'utilisation de pochoirs ni de lignes directrices préparatoires.
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Les saillies des moulures concentrent la richesse décorative de la polychromie, les creux sont peints en aplats uniformes. L'ensemble était entièrement coloré. On peut imaginer que ces ornementations sont l'évocation des constructions légères faites de poteaux de bois et tentures bariolées.
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Un grand linteau surmontait le décor des portes; quelques fragments parvenus jusqu'à nous portent une formule funéraire avec la liste des fêtes durant lesquelles des offrandes importantes étaient accordées au défunt. On peut aujourd'hui y lire "...la fête de Sokar, la grande fête" ainsi qu'une partie de la titulature d'Akhethétep. C'est autour de ces portes monumentales que s'organise tout le décor du mastaba. Processions et animaux convergent vers elles tandis qu'à proximité sont figurées les scènes en rapport avec le culte funéraire : listes d'offrandes, abattage du bétail, toutes représentations étroitement associées aux rites accomplis devant la fausse-porte.
Mur Est
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La façade du mastaba est exposée à l'est, vers la vallée du Nil, vers les prés où paissent les troupeaux, vers les vergers et la verte nature : sur le mur oriental se déploient la navigation sur le fleuve, les scènes des marais et des champs.
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La description des scènes sous la forme d'une interprétation narrative ne tient aucun compte de la pluralité des niveaux de lecture. Ainsi la grande paroi est, limitée par des bandeaux peints, n'est ni un espace réel, ni une unité temporelle, mais une juxtaposition de scènes et d'inscriptions.
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Un découpage narratif selon une grille de lecture occidentale semble faillible. L'analyse visuelle révèle une opposition binaire entre les moitiés de la paroi séparées par la porte, travaux des champs d'un côté et chasse, pêche, élevage, de l'autre ; défunt en grande taille faisant le pendant d'un fourré de papyrus, barques remontant le fleuve d'un côté et voguant au fil de l'eau de l'autre. Il s'agit de deux moitiés équivalentes et inverses. Ainsi, l'organisation des images révèle une opposition binaire qu'on pourrait sans doute poursuivre au niveau de l'idée. Cette paroi se fragmente en unités nombreuses de petites dimensions sans système modulaire mais fondé sur la représentation du défunt. La plupart des activités convergent vers lui, figuré debout à l'extrême droite de la paroi. Remarquons que ce dernier se trouve dans des tableaux quatre fois plus hauts que les registres où figurent ses serviteurs. Une telle fragmentation du décor déconcerte, éludant l'espace, le temps, la perspective. Les registres ont un rôle fondamental : ils séparent et organisent les éléments individuels, eux-mêmes réunis par la figure du défunt qui avec les textes, ordonne l'espace décoré. Discours et image sont étroitement liés.
Couloir et façade
Sur la grande architrave, une inscription de trois lignes énonçait en beaux hiéroglyphes les formules funéraires consacrées, le nom du propriétaire et la suite impressionnante de ses titres. Marque d'identification, ce texte banal énumère les bienfaits que le propriétaire du monument espère recevoir du roi et des divinités invoquées.
Placé à l'entrée du mastaba, cette formule annonce en quelque sorte le programme décoratif de la chapelle. Au-dessus de la porte, un lourd cylindre de pierre gravé répète les titres et le nom du défunt. Ce "rouleau" serait l'image en pierre du store enroulé qui protégeait l'entrée des demeures égyptiennes.
L'axe de l'entrée est un axe privilégié que parcourt la lumière éclairant les fausses portes au lever du soleil et qu'emprunteront les prêtres pour venir déposer les offrandes. Le défunt, qui assiste au cortège funéraire, est dos à la porte alors que, partout ailleurs, il fait face au visiteur.
Architrave de la chapelle du mastaba d'Akhethétep. © Musée du Louvre/DAE. Christian Décamps
Rouleau de la porte de la chapelle du mastaba d'Akhethétep. © Musée du Louvre/DAE. Christian Décamps