Damas à l’époque byzantine

À la veille de son intégration dans le tout jeune empire arabe en 635, Damas est une ville orientale. Le réseau viaire antique sensiblement orthogonal n’est plus qu’un lointain souvenir et les grands espaces où se dressaient les monuments dévolus au culte polythéiste ont été occupés à l’époque paléochrétienne puis byzantine par des églises, des monastères, des palais ou des complexes résidentiels, redistribuant la logique de circulation. L’esplanade du temple dédié à Jupiter est désormais densément peuplée et le temple a laissé place à une église dédiée à Saint-Jean Baptiste à la fin du IVe siècle.

À leur arrivée, les conquérants arabes font le choix de s’inscrire dans la continuité de leurs prédécesseurs : une première mosquée est aménagée dans la cour intérieure du temple, et Muʿâwiya s’installe dans un complexe résidentiel adjacent à l’église. La refondation de la grande mosquée par al-Walîd en 705 s’inscrit dans cet espace du temple, tandis que le palais se développe contre son mur sud. Désormais, la foi musulmane – encore minoritaire dans la ville –  possède un édifice qui proclame sa présence.

Une tradition omeyyade

Les Omeyyades auraient pu construire un nouveau quartier à côté de l’antique centre urbain, mais ils font le choix de s’installer en lieu et place de l’ancien pouvoir. Les Omeyyades affirment ainsi avec force leur prétention de contrôle durable sur les régions arrachées à l’empire byzantin. Cette façon de s’inscrire dans la continuité byzantine dans les villes conquises du Proche-Orient n’est pas propre à Damas. On retrouve la même logique à l’œuvre dans plusieurs villes de la région telles ʿAmman ou Jerash en Jordanie, où la grande mosquée et le palais sont bâtis dans l’ancien cœur antique de la ville, christianisé à l’époque byzantine par la fondation d’églises.