Parmi l’ensemble des « châteaux du désert » omeyyades, celui de Qasr al-Hayr al-Gharbî se distingue par la richesse de son décor, au croisement des traditions byzantines et sassanides.

Des techniques décoratives variées

Toutes les techniques utilisées alors y ont été employées : mosaïque de pavement, placage de marbre sur les murs, peinture et stuc sculpté.

La peinture pariétale, la sculpture et le placage de marbre jouant sur les motifs formés par les veinures, sont autant de techniques décoratives traditionnelles de la Syrie byzantine, que se sont appropriées les Omeyyades.

Il n’en va pas de même du stuc, qui témoigne au contraire d’une orientalisation croissante de l’art islamique. Ce matériau est en effet caractéristique de l’espace de l’ancien empire sassanide, Mésopotamie, Iran et Asie centrale, où il est utilisé tant pour ses propriétés décoratives que pour son rôle protecteur des murs en terre crue.

Un décor figuratif exceptionnel

Utilisé avec largesse dans le palais, le stuc sculpté apparaît en bas et en haut relief, utilisation inédite de ce matériau à l’époque sassanide.

Sur le portail monumental, aujourd’hui déposé au Musée national de Damas, il associe des motifs tardo-antiques, telles des frises d’acanthes, à des motifs sassanides, comme les frises de rosette et les merlons sommitaux. Dans les galeries supérieures, et notamment dans la salle d’audience, se développe un cycle princier en très haut relief. Un souverain trônant, et vêtu d’une toge dans la tradition antique, prenait place sur le fronton de la salle d’audience, tandis qu’une autre représentation de souverain, cette fois sous les traits des empereurs sassanides (en position frontale, les genoux écartés, et le long vêtement bordé d’un galon perlé), ornait la façade centrale de l’entrée.

Sur le sol, des peintures de bustes de femmes portant des coupes de fruits, figurés dans des médaillons perlés, voisinent des cavaliers chassant des gazelles, et de larges motifs floraux stylisés. Motifs et techniques byzantins et sassanides sont associés dans ce creuset de l’art islamique que constitue l’époque omeyyade.