Une religion minoritaire

Au VIIe siècle, l’empire islamique est dirigé par ses conquérants, qui sont arabes et musulmans. Ils s’installent dans les villes et régions conquises avec leur famille, mais ils ne représentent qu’une petite minorité. La diversité religieuse des territoires est respectée, et un statut juridique spécifique est attribué aux non-musulmans (la dhimma), qui leur assure sécurité et autonomie tout en fixant leurs obligations. Il n’y a pas de mouvement de conversion forcée, et à la veille de l’édification de la grande mosquée omeyyade de Damas, l’islam est encore minoritaire dans la ville, bien qu’il progresse alors rapidement au sein des populations de la région. Le Proche-Orient et l’Égypte ne deviennent majoritairement musulmans qu’aux alentours des XIIIe - XIVe siècle.

Une proclamation dans la pierre

Au moment de la conquête, le tissu urbain de Damas est semé d’églises richement parées, comme celle dédiée à saint Jean-Baptiste sur l’esplanade du temple antique. Le premier oratoire aménagé pour les musulmans dans l’enceinte de ce même temple est au contraire très fruste : une salle de prière hypostyle reposant sur des colonnes de marbre de remploi, aménagées au fur et à mesure que la population musulmane de la ville croît, en s’appuyant sur le mur d’enceinte du temple.

Lorsque le calife al-Walîd Ier accède au pouvoir suprême en 705, il n’existe aucun monument prestigieux proclamant l’existence de l’islam dans la ville capitale. De fait, y afficher le prestige de la dynastie et de l’islam est une nécessité, et les moyens colossaux dédiés à cette réalisation témoignent de l’importance symbolique de cette construction. La mosquée des Omeyyades de Damas, qui se détache nettement à l’horizon de la ville par son dôme et son haut minaret, proclame la nouvelle foi qui gouverne la région, et affirme symboliquement son emprise sur le territoire.