La dynastie omeyyade impose sa présence dans les territoires conquis en construisant des bâtiments prestigieux au coeur des villes anciennes. Le Dôme du Rocher, à Jérusalem, en est un des premiers exemples. A l’origine, l’édifice avait pour fonction d’inscrire la religion musulmane dans le prolongement de l’histoire biblique.

Jérusalem : aux sources du monothéisme

Lorsque Jérusalem tombe aux mains des conquérants arabes en 638, la ville est considérée comme le centre du monde, le saint des saints, tant pour les juifs que pour les chrétiens du monde entier. Les vestiges du temple juif font l’objet d’un pèlerinage et des monuments commémorant les différentes étapes de la vie du Christ émaillent le tissu urbain. Pour les musulmans, Jérusalem est également un lieu saint. L’esplanade du temple juif est identifié au masjid al-aqsâ (« lieu de prière lointain »), cité dans le Coran (sourate 17). Toute une littérature se met progressivement en place, associant le site du dôme du Rocher à l’ascension céleste du prophète Muhammad.  

Un site délaissé

A l’époque byzantine, la ville de Jérusalem s’est progressivement recentrée autour du Saint Sépulcre. L’esplanade du temple détruit en70 par les Romains a été délaissée, et seuls les juifs s’y rendent en pèlerinage. C’est pourtant à cet endroit que Muʿâwiya (r. 661-680) fonde la première mosquée de la ville ainsi que le palais. C’est à l’endroit de ce cœur politique et religieux que ʿAbd al-Mâlik (r. 683-705), le père du futur al-Walîd Ier, élabore ensuite un complexe religieux exceptionnel articulé autour du dôme du Rocher.

Édifié en 691-692, ce monument est le premier à voir le jour. Il est orné d’inscriptions coraniques qui témoignent de la dimension proclamatoire de l’édifice, et inscrivent physiquement l’islam dans la continuité de l’héritage biblique. Le dôme enserre un affleurement rocheux censé être le site du sacrifice d’Isaac et la tombe d’Adam, dans lequel a été creusé un escalier menant à une grotte.

Un lieu de pèlerinage

Le dôme du Rocher présente un plan centré à double déambulatoire, dont la structure fondamentale est la haute coupole centrale. Le double déambulatoire permet aux pèlerins de circuler autour du rocher, mais aussi de contrebuter l’élévation de la coupole.

En 691-692, quand le dôme est élevé, il n’existe aucun monument musulman qui pourrait servir de source d’inspiration. Les seuls édifices existants sont des mosquées, le plus souvent très frustes, bâties ou aménagées dans le mouvement de la conquête. C’est en puisant dans le répertoire formel de l’architecture commémorative de Jérusalem, telle la rotonde du Saint-Sépulcre, que les architectes du dôme du Rocher ont conçu le plan de cet édifice exceptionnel.