Les découvertes archéologiques ont mis au jour toute une série de bâtiments richement décorés dans la steppe syrienne et jordanienne. Commandés et habités par l’aristocratie omeyyade, ils sont connus sous le terme de « châteaux du désert ».

Itinérance du pouvoir omeyyade

Damas, comme toutes les grandes villes de l’empire omeyyade, est dotée du binôme grande mosquée – palais. Siège de l’administration centrale de l’empire, et lieu de résidence principal des souverains, elle est considérée comme la capitale omeyyade. Cependant, la dynastie est très mobile, et multiplie à ce titre les résidences dans toute la région du Levant. Ces dernières sont installées au cœur des villes, comme à ʿAmmân en Jordanie ou ʿAnjar au Liban, ou bien dans la steppe, formant un réseau relativement dense de « châteaux du désert », tel celui de Qasr al-Hayr al-Gharbî, fondé en 727, sous le règne du calife Hishâm (r. 724-743). 

Des exploitations agricoles

L’appellation de « château du désert » utilisée pour cet ensemble de monuments de la steppe ne reflète pas leur fonction originelle. En effet, loin d’être des constructions isolées en plein désert, ces bâtiments appartenaient à des complexes agricoles, reposant sur une irrigation maîtrisée des alentours. Elles s’apparentaient donc aux villae romaines, ou aux résidences aristocratiques byzantines de la région. Leur production participait pleinement de l’équilibre économique de la région, et leur situation permettaient aux gouvernants omeyyades de maintenir un contact permanent avec les tribus arabes installées dans la région, le plus souvent nomades. 

Entre fortin et palais

Situé en Syrie actuelle, entre Damas et Palmyre, Qasr al-Hayr al-Gharbî, se trouvait au croisement de plusieurs pistes caravanières. Lieu d’agrément, et centre d’exploitation agricole, il se présente sous la forme d’un bâtiment principal d’apparence fortifiée, associé à un bain, un caravansérail, un barrage, un lac, un moulin et à un vaste ensemble de parcelles agricoles irriguées.

Le bâtiment carré ressemble aux fortins romains de la région, avec son haut mur d’enceinte cantonné de tours semi-circulaires et son accès unique. Les pièces sont distribuées sur deux niveaux autour d’une cour centrale dotée d’un bassin. Au premier étage, surmontant l’entrée, se trouvait une vaste pièce de réception richement ornée, témoignant du caractère palatin de l’ensemble.