Protégée depuis des siècles par les eaux boueuses du fleuve, une gigantesque accumulation d’objets antiques occupe la rive droite du Rhône. De très belles découvertes ont émaillé les difficiles fouilles de ce dépotoir urbain de Trinquetaille.
Un « dépotoir » exceptionnel
En 2007, ce dépotoir immergé livre un premier ensemble de trésors archéologiques, dont un buste masculin en marbre blanc identifié comme un portrait de César, sculpté de son vivant. Cette trouvaille exceptionnelle a passionné autant le public que les spécialistes de la statuaire antique. La présence d’autres éléments, de sculpture et d’architecture, laisse supposer la présence dans les environs d’un four à chaux établi en bordure du fleuve. Le gisement livre également des milliers d’objets (amphores et vases en céramique, en verre et en bronze, monnaies, objets en bois, paniers tressés...) tombés au fil du temps. Au cœur de ce dépotoir git plus d’une douzaine d’épaves antiques dont le chaland Arles-Rhône 3, entièrement conservé, remonté du fleuve en 2011 et aujourd’hui exposé au musée d’Arles.
Fouille après fouille
D’année en année, chaque nouvelle campagne confirme l’importance de ce gisement et apporte son lot d’informations inédites sur l'histoire économique du monde romain. Outre leur nombre impressionnant, les objets remontés du fleuve ont la particularité d’être très bien conservés et constituent une précieuse source d’informations habituellement disparues comme les inscriptions peintes sur amphores ou les objets en matériaux périssables (bois, cuir, végétaux). La présence massive d’amphores et de céramiques d’origines diverses signe le rôle prépondérant joué par le Rhône dans la diffusion vers le nord des produits méditerranéens du IIe au Ve siècle.