Les barrages antiques de l’Arabie méridionale sont l’aboutissement de plusieurs siècles d’évolution de l’architecture hydraulique. C’est dans l’oasis de Maʾrib que l’on trouve le plus grand barrage du monde antique, évoqué jusque dans le Coran.

Ma’rib, le plus grand barrage du monde antique

Dans la mémoire des Arabes, al-ʿArim — la Digue de Maʾrib — est un monument emblématique de l’Arabie préislamique. Elle le doit sans doute à ses dimensions colossales et à l’ingéniosité de ses constructeurs himyarites, mais plus encore au fait que le Coran, dans la sourate Sabaʾ, évoque son ultime rupture comme le symbole d’une punition divine. Les premiers éléments de ce barrage sont l’œuvre des rois de Sabaʾ, à partir du VIIe siècle av. J.-C. Le barrage monumental prit sa forme définitive au début de l’ère chrétienne. C’était une levée de terre longue de 650 m, haute de 20 m, dont les extrémités comportaient chacune une prise d’eau monumentale en blocs de pierre. De là, de longs canaux et plusieurs répartiteurs irriguaient la totalité de l’oasis de Maʾrib. La digue connut cinq ruptures majeures entre les IVe et VIe siècles. Quatre furent suivies d’importants travaux de restauration sous l’autorité de rois himyarites et de chefs de tribus. Mais en l’absence de souverain capable de prendre en charge sa reconstruction, la cinquième rupture fut fatale au barrage.

Les barrages des hautes terres

Dans la montagne yéménite, avant l’ère chrétienne, la distribution de l’eau était assurée par des structures variées : puits, citernes et canaux. Aboutissement de trois millénaires d’améliorations des techniques hydrauliques, le barrage y fit son apparition aux premiers siècles de l’ère chrétienne. On en dénombre une soixantaine. Bâtis à une altitude moyenne de 2 000 m, les barrages sont des structures monumentales dont le but n’est pas seulement de dévier les écoulements (barrages-seuils) mais aussi de les retenir (barrages de retenue). Tous sont des barrages-poids, c’est-à-dire qu’ils opposaient leur masse à la poussée de l’eau. Les ouvrages de ce type sont larges à la base et se rétrécissent au sommet.

La finalité de ces constructions n’était pas de compenser un déficit en eau mais plutôt d’accroître la productivité d’une agriculture en terrasses déjà florissante. Les barrages apparaissent donc comme des aménagements complémentaires d’ouvrages hydrauliques et d’aménagements agricoles antérieurs plus modestes.