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Shabwa se situe à l’extrémité occidentale des haut-plateaux du Hadramawt à l’embouchure du Wâdî Irma’ qui se divise alors en deux, les wâdîs ‘Atf et Ma’shâr.
Un système défensif naturel
La ville s’est développée sur un triangle de collines de 900 mètres de côté environ et de 550 mètres à la base, formé au sud par l’arête rocheuse d’al-‘Aqab- limite septentrionale de la ville-, à l’ouest par les hautes collines de Qârat al-Hadida (culminant à 747 mètres), et à l’est par les monts d’al-Hajar et de Qârat al-Burayk. Au nord, la dépression centrale d’al-Sabkha, à une altitude moyenne de 700 mètres, dépourvue d’édifices, compte plusieurs mines de sel encore exploitées de nos jours.
Shabwa a donc utilisé tous ces éléments naturels pour y construire un double système défensif long de 4000 mètres environ. L’enceinte intérieure, percée de cinq portes, comporte une succession régulière de tours et de courtines tandis que l’enceinte extérieure – percée elle-aussi de cinq portes – suit les crêtes des collines ; c’est un système original qui ne comporte guère de parallèles en Arabie du Sud.
Un système agricole maitrisé
Dans la plaine irriguée par le Wâdî ‘Irmâ, les reconnaissances appuyées par des photos aériennes et des prospections depuis 1976, ont révélé l’existence de champs antiques. Prises d’eau et déflecteurs loin en amont dans le lit du wâdî, et canaux munis de vannes, ont permis d’implanter une vingtaine de zones irriguées, certaines à une dizaine de kilomètres au nord de la ville. Des hameaux dont quelques maisons ont été fouillées y sont disséminés çà et là.
La survie de Shabwa repose sur cette agriculture irriguée pendant près de deux millénaires : les petites communautés cultivant des zones réduites évoluent vers l’organisation centralisée d’un périmètre irrigué s’étendant sur près de 1500 hectares. Hors du Wâdî ‘Irmâ, la région de Shabwa ne compte aucune oasis dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres, et n’a pu ainsi établir une armature urbaine proche.
Outre ses richesses agricoles, Shabwa peut compter sur ses pierres de construction dont les carrières se trouvent à proximité (l’une avec un texte du Ve siècle av. J.-C. environ), ses mines de fer d’al-Harash et de sel, sans compter le bois utilisé très tôt dans l’architecture. Des corps de métier spécialisés, carriers, tailleurs de pierre, charpentiers, ont pu ainsi naître très tôt.