Un imposant monument se trouve à l'extrémité méridionale de l'axe principal de la ville, adossé à l'arête d'al-'Aqab et dominant ainsi tout le secteur central. C'est Harry St. John Bridger Philby qui, lors de son passage à Shabwa en 1936, remarquait alors les quatre bases de colonnes, séparées par des marches, et un grand bloc qui devait déjà, selon lui, supporter une statue colossale.
Les vestiges d'un ensemble majestueux
De cet ensemble architectural probablement majestueux à l'origine, il subsiste un escalier dominé par quatre bases de pierre, et un passage dallé menant à des terrasses étagées. Au centre, une base de calcaire longue de 3 m montre sur sa face supérieure, deux saignées en forme de pieds humains, et deux profondes cavités d’encastrement de poteaux. à l’Est, la terrasse inférieure présente cinq dalles parallèles munies de tenons métalliques servant à fixer de grandes statues.
Une restitution difficile
La restitution de cet ensemble, très ruiné et pillé, paraît difficile. De façon raisonnable, on suppose que la base centrale supportait une statue monumentale faite de plaques de bronze montées sur une ossature interne en bois. Quant à la terrasse inférieure, la disposition des mortaises amène à proposer la restitution de statues d'animaux de grandeur nature. Plutôt que des chameaux ou des taureaux, il faudrait reconstituer un ensemble de statues équestres similaires aux chevaux de Saint Marc à Venise.
Monument civil ou religieux ?
La fonction de cet ensemble monumental semble difficile à préciser alors qu’aucune inscription in situ et qu’aucun matériel cultuel n’a été retrouvé en fouille. Certes, on connaît quelques plaques de bronze mentionnant des offrandes au grand dieu Siyân dhû-Alîm, mais leur provenance exacte est inconnue. Notre connaissance limitée des édifices religieux de l’Arabie du Sud ne permet guère de mettre un quelconque bâtiment en rapport avec ce grand édifice. Alors un édifice civil ? un podium décoré de statues et de personnages à cheval, tel que l’on en connaît en Syrie du Sud ? le débat est ouvert.
