Daniel Schlumberger (1904-1972)

Daniel Schlumberger, issu d’une grande famille d’industriel mulhousiens, reçut une formation d’archéologue classique à l’Université de Strasbourg. Dès 1925, il entrepris de compléter son bagage universitaire par une expérience de terrain en Syrie avec Henri Seyrig et Paul Perdrizet. En 1929, il se vit proposer par Henri Seyrig, tout juste nommé directeur général de Syrie et du Liban, le poste d’Inspecteur des fouilles.

Jusqu’en 1940 Daniel Schlumberger put ainsi parcourir le Liban et la Syrie et entreprendre de vastes programmes de fouilles. C’est depuis Beyrouth, au printemps 1941, qu’il décida de rallier la France Libre. En 1942 il fut envoyé à Brazzaville avec pour mission d’animer des émissions politiques sur la radio des Français Libres. Bon historien, archéologue expérimenté ayant une grande aisance tant dans l’archéologie des périodes classiques que dans celle des périodes islamiques, Daniel Schlumberger est dès octobre 1943 fortement pressenti pour reprendre la direction de la DAFA. Il faudra pourtant attendre jusqu’au 16 septembre 1945 pour qu'il arrive à Kaboul venant en camion de Beyrouth.

À partir de cette date, et jusqu’en 1955, il résidera en Afghanistan. Nommé professeur à l’Université de Strasbourg, il alternera alors les séjours en Afghanistan, consacrésaux travaux de terrain, et son enseignement, et ce jusqu’àson départ de la DAFA en 1965.

L’action de Daniel Schlumberger à la tête de la DAFA illustre aussi bien sa curiosité intellectuelleque sa capacité à savoir s’entourer de collaborateur de très haut niveau. Succédant à des personnalités aussi fortes que celles d’Alfred Foucher ou même Joseph Hackin, il sut à la fois en être le continuateur tout en ouvrant de nouvelles voies à la recherche.

À Bactres, sa première grande opération en Afghanistan, grâce à la coopération et l’expertise technique de son architecte M. Le Berre, il réussit à aborder ce site difficile d’une manière raisonnée et à proposer une chronologie des différents états de la fortification sur des bases claires. Sa bonne connaissance de l’archéologie islamique lui permit d’entreprendre une vaste opération d’étude sur le site de Lashkari Bazar dans le Helmand et de révéler la richesse de la culture islamique aux périodes ghaznévides et ghorides. Il apporta également un important soutien à Jean-Marie Casalpour la fouille du site protohistorique de Mundigak. Avec la présence de Jean Claude Gardin dans son équipe, il s’assura aussi le concours d’un spécialiste de la céramique aussi compétent que conscient des limites d’une telle discipline.

La formation « classiciste » de Daniel Schlumberger lui permit de donner la pleine mesure de son talent d’archéologue lors de la Fouille du site de Sukh Kotal au Nord de l’Hindou Kouch. Sanctuaire dynastique des souverains Kouchans il y trouva les traces des influences Indiennes, romaines et iraniennesdonnant son originalité àla période kouchane. La fouille débutée en 1959 s’acheva en 1963 date à laquelle Daniel Schlumberger devait entamer les fouilles sur le site nouvellement redécouvert d’AÏ Khanoum. Cette nouvelle opération de la DAFA était en quelque sorte le couronnement de la carrière afghane de Daniel Schlumberger…Les traces de l’hellénisme en Afghanistan que la DAFA avait cherché depuis sa création étaient enfin identifiées et d’une manière exceptionnelle.

En 1965 Daniel Schlumberger quitta l’Afghanistan pour n’y plus revenir. Jusqu’à sa mort, à Princeton (USA) en 1972, il continua à avoir une activité scientifique importante.

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Daniel Schlumberger

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