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- Le château croisé (XIIe-XIIIe siècles)
- La grand'salle gothique
Vers le milieu du XIIIe siècle, la dernière campagne de travaux du Crac voit la création d’une grand’salle à l’intérieur du château haut, à proximité de la chapelle. Cette salle s’apparente aux grand’salles seigneuriales des châteaux d’Occident, mais dans le contexte du Crac elle se rapproche également des salles capitulaires des monastères. C’est là que se tenaient les conseils, le chapitre et que l’on donnait des réceptions.
La grand’salle est un vaste vaisseau de 27 mètres de long sur 7,5 mètres de large, qui était à l’origine divisé en deux par un mur percé d’une porte et muni de trois oculi. Elle est composée de trois travées voûtées d’ogives qui retombent sur des culs de lampes ornés de décors à crochets et de feuillages. Un portique la précède à l’est, et, à la manière d’une galerie de cloître, s’ouvre sur la cour par deux portes et cinq baies géminées divisées par de fines colonnettes, dans un style emprunté au gothique rayonnant d’Île-de-France. Les ogives, les doubleaux et arcs-formerets retombent sur des culots ornés de motifs floraux qui rappellent ceux de la Sainte-Chapelle à Paris.
La maxime du Crac
Fait rare dans l’architecture croisée, le portique possède deux inscriptions. Elles se font face dans la dernière travée nord. Le contenu de la première, gravée sur le pilier nord, ainsi que le tracé des lettres permettent de les situer au milieu du XIIIe siècle :
SIT TIBI COPIA
SIT SAPIE[N]CIA
FORMAQ[UE] DET[TUR]
INQ[UI]NAT O[MN]IA SOLA
SUP[ER]BIA SI COMI[TETUR]
« Aie la richesse, aie la sagesse, mais garde-toi de l’orgueil qui souille tout ce qu’il approche »
Elle rappelait chaque jour aux puissants frères de l’ordre la noblesse de leur tâche, consistant en la défense de la Terre sainte, dont ils pouvaient à tout moment être détournés par le vice de l’orgueil.
Sur le pilier sud on peut lire :
CEST : LA
BOR : FU : FAIT :
EL : TENS : DE :
FRE[RE] : IORGI :
..................XO :
« Ce labeur fut fait du temps de frère Jorgi. »
Ce frère Jorgi n’est pas connu des sources, sans doute était-il un des châtelains du Crac au XIIIe siècle.