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- Contexte historique et géographique
Quand, en 1095, le pape Urbain II prêcha la croisade pour venir en aide aux chrétiens d’Orient menacés par les Turcs et libérer le tombeau du Christ, la conquête de nouveaux territoires et la création d’États n’étaient pas planifiés. Ces derniers sont nés des victoires des chefs croisés sur le chemin qui les menait à Jérusalem.
L’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Né en Orient au début du XIIe siècle pour venir en aide aux pèlerins, l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem se transforma rapidement en ordre militaire sous le maître Raymond du Puy (1125-1158) pour assurer par les armes la défense du royaume de Jérusalem et la sécurité de la Terre sainte.
La trouée de Homs
Grande percée entre les hautes montagnes du Liban, au sud, et le Djebel Ansarieh, au nord, la « trouée de Homs », orientée d’ouest en est, reliait la côte avec l’arrière-pays syrien par la plaine de l’Oronte. C’est à l’extrémité nord de cette trouée que fut construit le Crac des Chevaliers dominant la plaine fertile de la Boquée, dès avant les croisades. D’abord nommé Hoṣn al-Safth (le « château de la Pente »), il prit le nom de Hosn al-Akrâd (le « château des Kurdes »), après qu’en 1031, l’émir de Homs y installa une garnison de Kurdes chargée de surveiller la route de Tripoli.
Par sa position, le château commandait en effet deux voies de communication cruciales entre le littoral et les villes musulmanes de Hama et de Homs sur l’Oronte. Aux mains des croisés, iI entravait considérablement les mouvements des musulmans dans la région et représentait à leurs yeux une menace permanente en raison des nombreuses chevauchées et des razzias auxquelles il servait de point de départ. Ainsi, Ibn Athir écrivait-il à propos du maître du Crac :
« il est comme un os placé en travers du gosier des musulmans ».
En 1255, dans une bulle exemptant de dîmes le château du Crac, le pape Alexandre IV écrivait que le château était situé presque au milieu des terres sarrasines :
« Castrum ipsum positum quasi in medio nationis perverse et Sarracenis infestum… ».