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- Place de la Caune de l'Arago dans la Préhistoire mondiale
Le site de la Caune de l’Arago occupe une place de premier plan dans la préhistoire mondiale.
En effet, l’épais remplissage représente un enregistrement de longue durée, sur environ 600 000 ans entre 690 000 et 95 000 ans. Il s’est constitué lors de nombreuses phases climatiques contrastées, ce qui est peu commun : des environnements glaciaires steppiques avec des bœufs musqués primitifs, des lemmings à collier, des renards polaires, … et des ambiances tempérées humides avec une forêt caducifoliée où abondent les daims et les cerfs, … y sont enregistrés. Sur la durée, des témoignages de six cycles climatiques d’environ 100 000 ans chacun ont été conservés.
De plus cette stratigraphie renferme de nombreux niveaux d’occupations humaines, une cinquantaine dans l'état actuel d’avancement des fouilles, plus ou moins longues, souvent extrêmement riches en matériel archéologique et paléontologique. Le remplissage offre ainsi une diversité toujours renouvelée d’occupations humaines, sur leur durée, sur les choix alimentaires des occupants, … qui permet de mieux appréhender les comportements de ces chasseurs nomades.
L’abondance et la diversité des restes humains est également un atout de premier plan : la Caune de l’Arago a livré les plus anciens restes humains français découverts à ce jour, ainsi que la deuxième plus abondante collection anthropologique européenne pour les espèces antérieures à Néandertal.
Étudié depuis longtemps, le site bénéficie de fouilles programmées développées par le Centre Européen de Recherches Préhistoriques (CERP) et le personnel de l’UMR 7194 HNHP du CNRS Histoire naturelle de l’Homme préhistorique.
La diversité d’occupations humaines qui se sont établies sous différents contextes climatiques et la richesse en matériels archéologique, paléontologique et anthropologique sont donc exceptionnels, même à l’échelle du continent européen. Si la Sima de los Huesos (Atapuerca, Espagne) renferme beaucoup plus de restes humains de même ancienneté, elle n’a livré qu’une pièce lithique et ne permet pas de déterminer le quotidien de ces populations.
La Caune de l’Arago est à ce jour un site clé pour discuter de l’adaptation d’un groupe humain à son environnement au Paléolithique ancien et pour déterminer l’aspect et les modes de vie des populations humaines d’environ un demi-million d’années en Europe. Elle a le potentiel, dans le remplissage non encore fouillé, pour combler la très grande rareté de sites renfermant des couches déposées entre 550 000 et 700 000 ans en Europe, correspondant à une période tout-à-fait particulière de l’histoire du climat de ces derniers millions d’années, à savoir la fin d’une époque de changement de périodicité des cycles climatiques qui a vu le passage d’un cycle de 41 000 ans à un cycle de 100 000 ans de beaucoup plus forte amplitude.
Chaque site qui nous est parvenu constitue un petit miracle de conservation, et plus on remonte le temps, moins ils sont nombreux. Des archives comme celles préservées à la Caune de l’Arago représentent un patrimoine absolument remarquable qu’il faut ménager, étudier méticuleusement et transmettre aux générations futures. C’est le but du programme développé depuis 1964 et qui devrait encore occuper les équipes de Tautavel et des chercheurs et fouilleurs bénévoles internationaux pendant plusieurs décennies.