De la difficulté de classer les textes

Il est très difficile de classer les textes littéraires et savants car ils peuvent souvent être versés dans des catégories très différentes les unes des autres selon nos critères modernes.

Ainsi, une série du type sakikku liste non seulement les symptômes médicaux établis par l’observation du patient, mais donne aussi le plus souvent l’origine magico-religieuse de la maladie.

Le principe était bien alors que la médecine devait soigner les corps. Cependant, le traitement médical devait nécessairement être complété par un exorcisme si l’on voulait que la cause véritable de la maladie disparaisse. Les textes médicaux étaient donc aussi le plus souvent des textes d’exorcisme.

Deux propositions de classements différents

Ce mélange des disciplines, tout au moins à nos yeux, a pour conséquence qu’il est possible de produire nombre de statistiques différentes pour une même bibliothèque sans qu’aucune ne soit incontestable.

Par exemple, Jeremy Black a classé les textes du fonds savant de l’Ezida (en nombre de tablettes identifiables) : astrologie, 30 ; divination par l’apparence des êtres vivants, 5 ; divination par les faits de la vie quotidienne, 16 ; hémérologie et ménologie, 11 ; extipicine, 3 ; physiognomie, 10 ; médecine et exorcisme, 75 ; prières et hymnes, 20 ; rituels, 16 ; textes de référence variés, 6 et listes lexicales, 38 (ces deux dernières catégories étant très proches l’une de l’autre).

Il est aussi possible de regrouper ces mêmes textes dans des catégories différentes comme le montre l’histogramme ci-dessous.

Une bibliothèque de taille modeste

Avec ses plus ou moins 300 tablettes, la bibliothèque de l’Ezida est bien loin de faire partie des fonds savants les plus imposants de Mésopotamie.

Les rois assyriens du VIIe siècle av. J.-C. développèrent par exemple une grande bibliothèque à Ninive qui compte encore aujourd’hui 15000 tablettes. La bibliothèque de l’Esagil, sanctuaire de Marduk, divinité poliade de Babylone, qui se situait au cœur de cette ville comptait elle aussi plusieurs milliers de textes.

Certaines bibliothèques privées, en Assyrie comme en Babylonie, atteignaient, voire dépassaient, le nombre des tablettes découvertes dans l’Ezida.

Une bibliothèque statistiquement représentative des fonds savants de temples

Ce qui reste de la bibliothèque de l’Ezida n’est qu’une infime part de ce qui y fut un jour entreposé. Tout d’abord, elle fut partiellement déplacée dans la nouvelle capitale de Sargon II, Dur-Sharrukin, à la fin du VIIIe siècle av. J.-C.. Par ailleurs, après la destruction de la ville en 612 av. J.-C., l’Ezida fut réoccupé et fortement endommagé et il est probable que des tablettes furent alors perdues.

Malgré ces différents aléas, le fonds tel qu’il existe aujourd’hui montre une répartition des grandes catégories de textes qui est représentative d’un fonds généraliste de temple qui devait regrouper un peu de tout pour permettre à ses desservants de bien faire leur travail.

On retrouve ainsi une grande proportion de textes divinatoires, de médecine et d’exorcisme. Viennent ensuite les documents religieux et littéraires. Une place importante est toujours réservée aux textes de référence et aux listes lexicales. Le reste se compose notamment de documents d’astronomie, de mathématiques, d’histoire et de topographie.

 

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