Djibouti - Il y a 4 800 ans

Le monde des Morts des premiers éleveurs

En 2006, les archéologues sont conduits par un de leurs collaborateurs djiboutiens sur une imposante plateforme circulaire en basalte. De celle-ci émergent des ossements et de la céramique qui ressemble aux poteries affiliées aux premiers éleveurs de la région. Ce monument est-il leur nécropole ?

La plateforme circulaire d’Antakari © Jessie Cauliez

Les premières sépultures monumentales de la région

Au moment où le lac Abhé amorce une régression importante due à l’aridification du milieu au 3ème millénaire av. J.-C., les communautés de pêcheurs, chasseurs, cueilleurs introduisent l’élevage bovin et caprin dans leur diète. Ces premiers éleveurs vivent dans des habitats saisonniers, comme celui d’Asa Koma, et ont bâti les premières sépultures collectives monumentales de la région.

Une nécropole importante

Le site d’Antakari 3 est en situation de hauteur sur les glacis basaltiques. C’est une nécropole dans laquelle près de 300 individus ont été inhumés selon le même procédé : chaque défunt était déposé dans une fosse creusée dans un monticule de sable ; la fosse était ensuite scellée par une couverture de blocs de basalte. Une fois l’usage de cette nécropole terminé, elle a été recouverte par un pavage de blocs de basalte cerné par une double couronne, la première de dalles dressées, la seconde de blocs arrondis, le tout formant une grande plateforme circulaire de 17 mètres de diamètre.

L’installation de cette nécropole a nécessité un investissement technique et logistique important. En effet, là où sur le basalte, il n’y avait aucune sédimentation naturelle préexistante, les utilisateurs ont dû transporter un volume de sable estimé à 250 tonnes pour constituer ce tertre artificiel destiné à abriter les sépultures en fosse. Les plus proches affleurements lacustres contenant ces sables se situent dans la partie la plus profonde du bassin, à plus de 400 mètres en contrebas du site.

Des défunts richement parés

Auprès des défunts, des poteries richement décorées étaient déposées. Ces défunts étaient parés de bracelets de perles en coquille d’œuf d’autruche, en basalte, ou en cornaline à leur poignet et chevilles, et de pendentifs en os et coquillages de la Mer Rouge autour de leur cou.

Un monument commémoratif et démonstratif

Ce type de monument a plusieurs vocations : une fonction commémorative et une fonction démonstrative du pouvoir politique ou du pouvoir par la richesse dans un environnement où la compétition pour le prestige de certains individus était notoire. Une dizaine de monuments de ce type sont connus dans l’environnement proche.

Présentation de la mission

La mission Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique (Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangère et IRAH à Djibouti) est dirigée depuis 2013 par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse). Elle a été créée en 1984 par R. Joussaume et dirigée de 2001 à 2013 par X. Gutherz.

Projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles. 

D'autres sites de la mission :