Djibouti - il y a 18 000 ans

Des vestiges osseux humains d’une grande rareté pour l’Est africain

Daté de la fin du Pléistocène supérieur, les restes humains retrouvés dans le site archéologique d’Hara Idé 3 constituent à ce jour le seul témoignage anthropologique des groupes de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs associés à la période du dernier maximum glaciaire dans la corne de l’Afrique.

Le site d’Hara Idé 3 avant l’ouverture de la zone de fouille © Isabelle Crevecoeur

Des vestiges humains

En 2003, la découverte du site d’Hara Idé 3 et sa fouille jusqu’en 2005 dans le cadre de la mission archéologique franco-djiboutienne ont permis de mettre au jour plusieurs centaines de restes humains fragmentaires, dont beaucoup étaient encroutés dans une gangue calcaire brêchifiée qui recouvrait la quasi-totalité des surfaces corticales. Ils ont été nettoyés mécaniquement. La brèche est un conglomérat de roches détritiques, issues de la dégradation mécanique d'autres roches, généralement sédimentaires, constituées de fragments unis par un ciment naturel. De ce ciment ont été extraits par les paléoanthropologues les restes de sept individus, trois adultes, un adolescent, deux enfants en bas âges (1,5 et 6 ans) et un périnatale. Plusieurs retours sur le terrain depuis 2016 associés à une réouverture du site en 2019 ont permis d’enrichir ces découvertes de nouveaux restes humains et de préciser l’âge de ces dépôts.

Deux occupations

Le site s’organise en au moins deux étapes : une première occupation caractérisée par les vestiges humains datés de la fin du Pléistocène supérieur : 16ème-12ème millénaire av. J.-C. Ces ossements correspondent à des phalanges de pieds et de mains. La représentation anatomique des restes immatures est plus variée avec des ossements longs des membres inférieurs et supérieurs, des parties thoraciques – vertèbres et côtes, des ossements du bassin. La seconde occupation est matérialisée par une petite fosse fournissant des restes de faune (poisson et mammifère), d’outils et éclats en obsidienne et des coquilles de tests d’œuf d’autruche, datée du début du 10ème millénaire av. J.-C.

Un site essentiel

La rareté des restes humains dans la corne de l’Afrique pour la fin du Pléistocène et la mise en évidence de caractéristiques phénotypiques particulières chez les rares fossiles documentés de cette période posent la question des processus de peuplement dans le nord-est de l’Afrique. Dans une région du monde aussi peu documentée, ce site est essentiel à la compréhension de l’adaptation et/ou de l’isolement de ces dernières populations de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs de la région durant ces périodes de grands changements climatiques que sont le dernier maximum glaciaire et le début de l’Holocène

Présentation de la mission

La mission Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique (Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangère et IRAH à Djibouti) est dirigée depuis 2013 par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse). Elle a été créée en 1984 par R. Joussaume et dirigée de 2001 à 2013 par X. Gutherz.

Projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles. 

D'autres sites de la mission :