Laas Geel, le Lascaux africain
Personne ne pouvait soupçonner l’incroyable richesse du Somaliland (État autoproclamé au nord de la Somalie) en matière d’art rupestre avant qu’une mission française ne découvre le site de Laas Geel en décembre 2002. Celui-ci se présente sous la forme d’une colline granitique abritant une vingtaine d’abris sous-roche couverts de peintures polychromes d’un style original encore inconnu dans la Corne de l’Afrique. Après cette découverte, de nombreux autres abris ornés ont pu être recensés au fil des prospections dans le pays, faisant du Somaliland l’une des plus riches provinces d’art rupestre de l’Est africain.
Un art longtemps méconnu
Parmi les pays de la Corne de l’Afrique, la Somalie est restée, jusqu’à une époque très récente, celui où l’art rupestre était le plus mal connu. Seuls quelques rares sites en Somalie centrale et au sein des reliefs dominant le golfe d’Aden avaient fait l‘objet de descriptions sommaires avant qu’en 2002, la découverte du site de Laas Geel et une première campagne de prospections conduite par l’équipe du programme sur les Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique de la commission des fouilles du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères ne permettent de révéler l’existence d’un nombre important de sites ornés. Pour des raisons d’accessibilité, seul le Somaliland, où se trouve Laas Geel, un état indépendant depuis 1991, mais non encore reconnu, a pu faire l’objet de recherches sur l’art des premiers éleveurs de bétail.
Des représentations du bétail au 3e millénaire av. J.-C.
Le site de Laas Geel et ceux qui lui sont contemporains, une trentaine environ actuellement recensés, illustrent bien cette première période où sont surtout représentés des bovins à dos plat, les premiers animaux domestiques apparus dans la région au cours du 3ème millénaire av. J.-C. Ces bovins sont accompagnés de représentations de personnages schématiques habillés et ouvrant largement les bras.
Un style qui évolue au cours du temps
Par la suite, au Somaliland, comme dans les autres pays de la Corne de l’Afrique, d’autres styles seront élaborés, les vaches auxquelles s’ajouteront des moutons à queue grasse et quelques animaux sauvages changeront de forme. Enfin, une dernière phase verra ces représentations animales remplacées par des ensembles gravés figurant des troupeaux de dromadaires. La région autonome du Puntland, au nord de la Somalie, dans la continuité territoriale et géographique du Somaliland, est malheureusement aujourd’hui peu accessible pour des chercheurs étrangers, en raison de l’insécurité qui y règne, mais il est très probable que s’y prolonge l’important foyer d’art rupestre présent au Somaliland.
Présentation de la mission
La mission Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique (Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangère et IRAH à Djibouti) est dirigée depuis 2013 par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse). Elle a été créée en 1984 par R. Joussaume et dirigée de 2001 à 2013 par X. Gutherz.
Projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles.
D'autres sites de la mission :
Les liens utiles
- Présentation de la mission sur le site du laboratoire Traces UMR 5608 – Toulouse
- Mission qui bénéficie du label SEEG : Sites d’Étude en Écologie Globale (programme du CNRS – INEE)
- Mission conventionnée avec le Centre Français des Études Ethiopiennes IFRE 23 – USR 3127, Addis Ababa, Ethiopie
- Mission en partenariat avec l’Institut des Déserts et des Steppes
- Mécénat