Ali Dabba
Sur le site d’Asa Koma, 3 sépultures individuelles en fosse ont été découvertes dès les premières années de fouille dans le Gobaad. Par la suite, plusieurs autres sites funéraires anciens ont été découverts et pour partie fouillés. Dans le secteur d’Ali Daaba, il s’agit d’une quinzaine d’emplacements peu éloignés les uns des autres où les dépôts funéraires revêtent des formes diverses et parfois inattendues. Certains de ces dépôts, datés de la première moitié du 4e millénaire av. J.-C., sont les plus anciens reconnus dans le bassin lacustre pour la période holocène.
Les différents locus d’Ali Daaba ont été découverts peu à peu au cours des prospections systématiques réalisées dans le cadre du programme de recherche sur un espace d’environ 3 km de long pour 500 m de large, une sorte de succession de cordons dunaires entourant des cuvettes d’érosion. Ce secteur du bassin est dénommé Ali Daaba, ce dernier mot signifiant ensellement, crête, au sens géographique, à moins qu’il s’agisse du mot Dabba qui signifie ravin, petit oued (Morin, 2012).
De nombreux amas osseux...
Parmi les 15 secteurs identifiés, on retiendra tout d’abord les secteurs 2, 3, 10 et 12 qui contenaient les vestiges osseux datés du début du 4e millénaire av. J.-C. Il s’agit d’amas d’ossements animaux et humains complets ou fragmentaires enchevêtrés ou encore de fragments d’os humains regroupés, déposés dans des cuvettes artificielles de faible profondeur. Ces ossements présentent de nombreuses traces de brûlure, mais le plus étonnant reste la composition de plusieurs des assemblages : les ossements humains sont étroitement associés à des crânes de crocodiles, des dents d’hippopotames, des ossements de carnivores (léopard, lion), des ossements de poissons. Un cortège de faunes qui traduit des conditions climatiques plus humides que l’actuel et l’existence d’une savane arborée. Plusieurs de ces os animaux ont été perforés ou façonnés afin d’être transformés en éléments de parure. S’y ajoutent plusieurs coquillages percés. La poterie modelée est totalement absente, alors que l’industrie lithique en obsidienne est présente sous la forme d’éclats de débitage et de microlithes géométriques (segments).
...témoins des pratiques funéraires
L’étude taphonomique des ossements humains permet d’écarter l’hypothèse de la pratique de l’anthropophagie. Il s’agit bien de dépôts funéraires tout à fait particuliers dont la datation fournit deux indications : les dépôts ont été constitués au cours d’une période de haut niveau des eaux du lac Abbé, qui précède d’un millénaire la période d’aridification au cours de laquelle l’artisanat céramique apparaît dans la région.
Le même secteur d’Ali Daaba contenait d’autres formes de dépôts funéraires : il s’agit d’une dizaine de sépultures individuelles primaires installées dans des fosses peu profondes. Ces sépultures ne contiennent aucun mobilier. L’une d’entre elles se distingue par le fait que la tête du sujet, un adulte particulièrement robuste, a été détachée volontairement du corps avant l’inhumation et placée dans la sépulture sous l’humérus droit. Malheureusement, en l’absence de collagène dans les restes osseux, aucune de ces sépultures individuelles n’a pu encore être datée.
La mission
Projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles.
La mission Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique (Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangère et IRAH à Djibouti) est dirigée depuis 2013 par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse). Elle a été créée en 1984 par R. Joussaume et dirigée de 2001 à 2013 par X. Gutherz. C’est sous la direction d’Henri Duday, assisté par Stéphane Hérouin, anthropologues rattachés à l’UMR 5199 (PACEA Bordeaux), que fut mené à bien pendant les années 2000 à 2006 le volet funéraire du programme déployé dans le bassin du Gobaad.
D'autres sites de la mission :
Liens utiles
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