Il y a 1500 ans. France

Saint-Germain d’Auxerre

L’abbaye Saint-Germain d’Auxerre présente une architecture composite, compte tenu de ses nombreuses reconstructions réalisées au cours de ses 15 siècles d’histoire, avec des structures d’époques carolingienne, romane et gothique. Édifiée il y a près de 800 ans, sa crypte renferme un décor sculpté et peint admirablement conservé et unique en France.

L'Abbaye Saint-Germain depuis la cathédrale d'Auxerre. Cl. Christian Sapin

Un édifice aux multiples étapes de construction

À sa mort en 448, l’évêque Germain d’Auxerre est inhumé dans un oratoire qui prend rapidement son nom. La renommée du saint suscite la générosité des souverains mérovingiens, en particulier Clotilde, épouse de Clovis, qui y bâtit une grande basilique. L’édifice accueille sa première communauté monastique au début du VIIIe siècle et prend dès lors sa fonction de monastère. La période carolingienne marque l’apogée du rayonnement de l’abbaye : la reconstruction de sa crypte et ses nombreux biens fonciers font d’elle l’une des plus puissantes du Regnum Francorum. Saint-Germain connaît des aménagements jusqu’au XVIIe siècle, lorsque les bénédictins de Saint-Maur entreprennent une grande période de rénovation des bâtiments claustraux. En 1793, durant la Révolution française, les moines sont chassés de l’abbaye qui devient un bien national et abrite l’hôpital civil et militaire de la ville.

La triple documentation de l’abbaye

L’analyse jumelée des sources écrites, archéologiques et iconographiques est essentielle pour appréhender intégralement le site de Saint-Germain d’Auxerre. L’histoire de l’abbaye est notamment éclairée par une chronique des abbés du monastère, écrite en 1290, qui dresse une courte biographie de tous les maîtres de Saint-Germain. Les fouilles réalisées entre 1986 et 1997 sont venues compléter les sources documentaire essentielles, en particulier pour comprendre les périodes les plus anciennes. Une iconographie variée est présente en abondance dans l’abbaye, en particulier dans la crypte, rendent nécessaire la présence d’historiens de l’art spécialisés.

Les peintures carolingiennes, une exception auxerroise

La construction de la crypte carolingienne s’achève en 859 avec le transfert du corps de saint Germain en son centre. Découvertes en 1927, les multiples peintures et inscriptions qui ornent les murs sont des témoins remarquables de la renaissance carolingienne, période de renouveau culturel du royaume franc à partir du VIIIe siècle. Le visiteur curieux qui se rend aujourd’hui dans les cryptes pourra constater une organisation rigoureuse de l’espace régi par la disposition du décor peint. Du mur aux voutes, l’oratoire Saint-Étienne située au nord-ouest de la crypte est entièrement orné d’enduits peints. Certaines représentent des passages importants de la vie du saint, la paroi nord représente ainsi l’exécution de ce dernier par lapidation.

L’équipe scientifique

La multiplicité des sources et des méthodes d’analyse entraîne inévitablement la composition d’une équipe pluridisciplinaire composée d’archéologues spécialistes du sous-sol comme du bâti, d’historiens, d’historiens de l’art, de dessinateurs, mais également de physiciens et chimistes pour l’analyse des matériaux et des peintures… Le programme de recherches archéologiques débuté en 1986 à Saint-Germain est mené sous l’égide du CNRS et se place sous la responsabilité du ministère de la Culture. Les fouilles se focalisent sur la reconnaissance des occupations médiévales, en particulier celles antérieures au XIIe siècle. L’objectif est de mettre en évidence les différentes étapes de construction de l’abbaye et les fonctions des multiples espaces mis au jour.

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