Viranshahr
Le développement des recherches en Iran oriental permet étudier l’évolution du peuplement et le dépeuplement de cette région, depuis l’Antiquité jusqu’à la période islamique. La fouille du site parthe et sassanide de Viranshahr, dans le Khorasan, permet d'éclairer les dynamiques urbaines de la région.

La ville fortifiée de Viranshahr s’étend sur 14 hectares. La citadelle de forme carrée couvre un hectare. La forme de la ville est typique de l'époque sassanide (de 224 à 651), pourtant elle date de l’époque parthe, et plus précisément du Ier siècle après J.-C.
Une ville parthe quadrangulaire
Les fouilles archéologiques récentes, après avoir investigué le site de Robat-e Sefid et sa région, se sont concentrées sur le site de Viranshahr, au nord du village de Farouj, sur le piémont sud du Kopet Dagh, à une altitude d’environ 1220 m. À l’instar de Nishapour, ou d’autres villes d’Asie centrale, Viranshahr a une forme quadrangulaire, presque carrée, typologie de ville certes assez répandue à l’époque sassanide (Sauer 2013), mais qui dans notre contexte a été datée par 14C de l’époque parthe (Ier siècle apr. J.-C.). Le site couvre une surface d’environ 14 hectares. Il est constitué d’une citadelle quadrangulaire d’environ 1 hectare et d’un shahrestan, lui aussi quadrangulaire, mesurant environ 13 hectares.
Le secteur du rempart ouest
Le rempart ouest a été partiellement fouillé, mettant au jour une structure en briques crues de module 40 × 40 × 10-12 cm. Les résultats préliminaires montrent d’ores et déjà la découverte de la porte ouest de la ville et une portion de son rempart. Celle-ci était constituée de deux tours quadrangulaires, saillantes, défendant une entrée d’environ 4 m de large, suivie d’un couloir de plus de 5 m de large, perçant le rempart et son couloir interne.
Dans le cadre des fouilles archéologiques, nous avons entamé un long travail de restauration et de conservation de ces structures architecturales.
Une architecture monumentale
La fouille de la zone centrale du shahrestan a permis de mettre au jour un ensemble architectural qui, par sa qualité architecturale et sa taille, semble faire partie d’un complexe palatial ou religieux. L’étude comparative étant en cours, il est pour le moment impossible d’établir s’il s’agit d’un temple ou bien d’une partie du palais de la ville. Les complexes architecturaux de Mansur tepe au Turkménistan, le palais d’Assur en Iraq, mais aussi les temples d’Aï Khanum peuvent tous nous donner des éléments comparatifs, mais seule la poursuite de la fouille archéologique permettra de déterminer la nature du bâtiment.
Les datations au radiocarbone montrent sans aucun doute que nous avons deux phases dans ce bâtiment : l’une parthe, datée du Ier siècle apr. J.-C., l’autre sassanide, datée du IIIe siècle.
L’abandon de Viranshahr
Viranshahr est donc une fondation parthe, du début de l’ère chrétienne, dont la forme carrée, avec la citadelle également carrée et située à l’angle de l’enceinte majeure, reprend des caractéristiques bien connues en Asie centrale, en Iran oriental ou en Afghanistan. Tandis que les Sassanides s’y installèrent de façon durable, comme le montrent les plusieurs réaménagements des architectures, les traces d’une occupation islamique y sont presque totalement absentes. Une prospection a montré la présence d’un site archéologique à seulement 3 kilomètres de Viranshahr, Qezbibi, où a été relevée la présence de céramique islamique, suggérant peut-être une implantation ex-novo d’époque islamique.
Le programme de recherches en Iran oriental et la mission archéologique franco-iranienne dans le Khorasan bénéficient du soutien du musée du Louvre (2018-2024) et du ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec le Centre de recherche du patrimoine culturel et du tourisme iranien et le Centre iranien de la recherche archéologique, ainsi qu’avec l’université de Téhéran.