Madagascar - Il y a 1 500 ans

Les Vazimba et le peuplement malgache

Qui étaient les Vazimba ? À travers l’archéologie, la génétique et la mémoire des paysages, le programme MAFMAD explore les origines du peuplement malgache et la mosaïque d’identités qui a façonné l’île. Comprendre les Vazimba, c’est remonter aux racines de Madagascar, humaines, culturelles voire environnementales.

Tombe mégalithique, site de Fihaonana, 2022. © CNRS / Harilanto Razafindrazaka

Telle une plongée fascinante dans la diversité des architectures funéraires du XIIIIᵉ au XIXᵉ siècle, les fouilles révèlent un passé fait de continuités, de ruptures et de métissages, où les Vazimba, les ancêtres des Merina des hautes terres et ceux des Sakalava de la côte ouest se croisent et se répondent. Sous la terre, dans les grottes, des traces de coexistence, de transmission et d’innovation réécrivent l’histoire de Madagascar.

Explorer l’histoire des Vazimba et des premiers peuplements

Les recherches du programme MAFMAD se concentrent sur les Vazimba, populations des Hautes-Terres centrales avant puis pendant l’expansion des Merina au XVe siècle.
Longtemps considérés comme des figures légendaires, les Vazimba réapparaissent aujourd’hui dans les données archéologiques, anthropologiques et génétiques.

D’où venaient les Merina ? Ont-ils conquis ou cohabité avec les Vazimba ? Leurs relations furent-elles faites de conflits, d’alliances, ou d’un lent métissage ? Ces questions touchent au cœur de l’identité malgache, et l’archéologie en offre désormais les premiers indices tangibles.

L’archéologie funéraire au cœur de l’enquête

Tombes, gestes, architectures : les sépultures sont nos archives. Elles conservent les traces des vivants à travers les morts. Chaque tombe raconte une histoire : celle d’un individu, d’une lignée, d’un monde. En les croisant, on retrace les dynamiques collectives qui ont modelé Madagascar.

Les trois premières années de fouilles ont déjà mis en évidence une diversité exceptionnelle d’architectures funéraires(XIIIᵉ–XIXᵉ siècles) : tombes réutilisées, fitomiandalana (ensembles mégalithiques de parfois plus de 20 m de long), rituels multiples… Cette pluralité de pratiques révèle une richesse culturelle insoupçonnée, loin de l’idée d’un peuplement homogène.

Des outils innovants pour décrypter le passé

Pour comprendre comment les cultures se sont diffusées, mêlées ou transformées, MAFMAD croise plusieurs approches :

  • Phylogénie culturelle et intelligence artificielle : pour cartographier la circulation des idées et identifier les foyers d’innovation.
  • Isotopes et paléogénomique : pour retracer les mobilités, les structures familiales et les liens de parenté.
  • Paléomicrobiologie : pour comprendre comment les épidémies ont bouleversé les lignées et provoqué des ruptures culturelles.
  • ADN ancien et données modernes : pour suivre les migrations, les métissages et les transformations génétiques à l’échelle de l’île.

En combinant ces disciplines, MAFMAD propose une lecture renouvelée du peuplement de Madagascar, où Vazimba, ancêtres des Merina et des Sakalava partagent une histoire tissée de migrations, de métissages et de résiliences.

Les origines des Merina : une question ouverte

Les traditions orales situent la naissance de la dynastie merina au XIVᵉ siècle, portée par des nobles venus de la côte est, porteurs d’influences indonésiennes et indo-musulmanes. 

Mais les fouilles bousculent ce récit. Avant même le XVᵉ siècle, une riziculture irriguée sophistiquée, dite phase Fiekena, était déjà établie sur les Hautes-Terres. Certains sites, comme Ankadivory, semblent plus anciens qu’on ne le croyait.

Ces découvertes posent une question décisive : les Merina ont-ils hérité de la phase Fiekena ou en ont-ils rompu la continuité ? Et surtout, quel rôle ont joué les Vazimba dans cette transition ? C’est là tout l’enjeu du programme MAFMAD : faire parler les morts pour comprendre les vivants — et redonner aux premiers habitants de Madagascar leur juste place dans l’histoire de l’île.

La Commission consultative des recherches archéologiques à l'étranger du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a accordé son financement à la Mission Archéologique France-Madagascar (MAFMAD), programme quadriennal renouvelable couvrant la période 2023-2026. En 2023, une seconde demande de financement a été obtenue auprès du CNRS-INEE, avec une ouverture vers l'archéologie spatiale. Ce projet de collaboration internationale (IRP Madinter, 2024-2028) a renforcé significativement nos possibilités de développement des activités de recherche, de terrain archéologique et d'encadrement d'étudiants. Le financement ANR obtenu pour la période 2025-2029 nous permet de consolider et de déployer ce vaste programme de recherche dans toute son ampleur (ANR DYNAMAD).

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