Tell-e Atashi
La fouille du site néolithique de Tell-e Atashi, dans le Dârestan iranien, a permis de caractériser pour la première fois les modes de vie des toutes premières communautés agricoles des marges méridionales du Désert du Lut.

Tell-e Atashi est un site en monticule daté d’entre la fin du VIe et le milieu du Ve millénaire av. J.‑C. C’est le plus grand des sites néolithiques identifiés à ce jour dans la région de Bam-Narmâshir.
Des communautés d’agriculteurs
Ces fouilles ont mis au jour des habitations en brique crue extrêmement bien conservées, comprenant notamment des pièces avec foyer et cheminée d’angle. Les communautés installées sur ce site étaient des agriculteurs. Elles produisaient un outillage lithique, des meules, de la vannerie, des objets de parure en pierre, ainsi que des objets en argile crue, lesquels incluent des jetons, des cônes, des vaisselles miniatures et des figurines.
Un site sans poterie
Tell-e Atashi, comme beaucoup d’autres sites néolithiques du Dârestan, n’a livré aucune poterie. Ce site diffère en cela des autres établissements du Sud de l’Iran datés des VIe et Ve millénaires av. J.‑C., comme Tepe Yahya situé à environ 200 km à l’ouest. Ce trait est en effet relativement inattendu dans la mesure où l’artisanat de la poterie apparut et se répandit en Iran entre le VIIe et le Ve millénaires av. J.‑C. Il rappelle en revanche le site de Mehrgarh au Pakistan, situé à environ 870 km à l’est de Tell-e Atashi, où des niveaux néolithiques sans poterie, datés d’autour de 5 000 av. J.‑C., ont également été fouillés. Certaines des figurines en argile crue trouvées à Tell-e Atashi rappellent d’ailleurs celles de Mehrgarh.
La diffusion des pratiques agricoles au Néolithique
C’est bien là aussi l’un des intérêts majeurs d’étudier les vestiges archéologiques du Sud du Désert du Lut. En effet, étant localisées à mi-chemin du Levant et de l’Inde, les recherches de la Mission archéologique franco-iranienne en Iran du Sud-Est (MAFISE) dans ce secteur contribuent à l’analyse de phénomènes observés sur de très longues distances. En ce sens, pour ce qui concerne le Néolithique, les travaux archéologiques conduits à Tell-e Atashi et dans le Dârestan semblent déjà avoir mis en évidence un chaînon jusqu’à présent manquant entre les communautés néolithiques du plateau Iranien et celles des marges nord-occidentales de l’Asie du Sud, contribuant en cela à une meilleure compréhension du développement de l’agriculture depuis le Croissant Fertile, où elle apparut il y a environ 11 500 ans, jusqu’au sous-continent indien.
La fouille du site de Tell-e Atashi par la MAFISE sont conduits dans le cadre d’un projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles. La mission a le soutien du service de Coopération et d’Action culturelle de l’ambassade de France et de l’Institut français de recherche en Iran à Téhéran (IFRI). Son cadre scientifique et administratif côté iranien comprend l’Iranian Center for Archaeological Research (ICAR), l’Iranian Center for Cultural Heritage, Handicrafts and Tourism Organization (ICHTO) et le Kerman Cultural Heritage, Handicrafts and Tourism Organization (KCHHTO). À Bam, la mission a eu le soutien logistique de l’Arg-e Bam World Heritage Base Camp, mais aussi des maires et des gouverneurs de la région, ainsi que de l’ONG Bam Cultural Heritage and Tourism Organization.
En savoir plus
- Article sur les prospections dans le sud du désert de Lut
- Article sur les recherches archéologiques à Bam en 2016-2017
- Mission archéologique de Bam: Un nouveau programme de recherche archéologique dans la province de Kerman, Iran
- Article sur les nouvelles datations de l'apparition du mode de vie agricole dans la vallée de l'Indus