Sénégal - Il y a 750 ans

Soto

Un monument en terre crue exceptionnel dégagé sur le lieu d'origine de l'une des pierres en lyre parmi les plus emblématiques du mégalithisme sénégambien.

Monument étagé construit en terre crue sur le fond d'une fosse de trente mètres de diamètre. Vue depuis le sud-est. © SEPSEN - UMR 6566 CNRS, Cliché L. Laporte.

La pierre en lyre exposée au Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, à Paris, est l’une des très rares pierres en lyre isolées, parmi les milliers de mégalithes inventoriés au Sénégal et en Gambie. À l'origine, elle se trouvait juste à l'est de ce qui n’apparaît plus aujourd’hui dans le paysage que comme une petite éminence de 50 cm de haut.

Le tumulus et la pierre en lyre de Soto

Les anciens du village adjacent avaient précisément souvenir de l'emplacement initial de cette pierre en lyre, déplacée dans les années 1960, ce qui fut confirmé lors des fouilles archéologiques par la découverte de sa fosse de calage, associée à un épandage de gravillons latéritiques, et par les stigmates laissés lors de son extraction.

À cet emplacement, la présence de fossés périphériques a d'abord été identifiée par le biais de prospections géopphysiques. Les terres issues de tels creusements successifs sont venues recouvrir un vaste ensemble monumental, assurant le comblement définitif d'une fosse de 30 m de diamètre au centre de laquelle il avait été construit. Une première date radiocarbone sur charbon suggère que cet événement pourrait intervenir entre 1221 et 1286 apr. J.-C.

De forme tronconique, avec une vingtaine de mètres de côtés, le monument que cette pierre en lyre signale a été bâti exclusivement en terre crue. Il est constitué de marches étagées en bauge litée, ce que confirme l'étude micromorphologique de lames minces pétrographiques : les terres de termitières semblent avoir été privilégiées comme matériau de construction. L'édifice pourrait avoir été coiffé par une construction aujourd'hui disparue. Une grande lame de poignard en fer a été trouvée plantée sur l'une des marches de l'édifice en terre crue.

Il scelle un dispositif précédent qui se présente comme une chape d'argile indurée, ceinturée par une palissade de 10 m de diamètre. Cette première masse tumulaire, qui semble un temps avoir été envahie de végétation, avait été édifiée au dessus de la fosse funéraire dont le fond se trouve alors à 3,50 m de profondeur sous le point le plus haut qui affleurait en surface. Cette fosse présente une logette latérale, malheureusement retrouvée vide de tout dépôt.

Ce type de monument était totalement inconnu dans la région, où la plupart des tumulus sont plutôt considérés comme de simples buttes de sable. Il n'aurait peut-être pas été identifié sans l'expertise acquise précédemment par les membres de l'équipe sur le site mégalithique de Wanar. Car c'était justement l'un des enjeux ici que de tester la représentativité des résultats scientifiques particulièrement novateurs obtenus lors de précédentes missions archéologiques. Mission accomplie, qui débouche aussi sur de toutes nouvelles interrogations.

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