Philippines - Il y a 12 000 ans

Entre mer et forêt sur l'île de Palawan

La grotte de Guri à Quezon, Palawan, située juste au nord de Bornéo, a été occupée entre il y a 12 000 et 2 000 ans et nous livre un très beau témoignage de l’adaptation des groupes passés à la forêt, à la mer et des mouvements de populations entre Asie et Pacifique.

Fouilles à Guri Cave, sur l’île de Palawan, aux Philippines © Mission Palawan/Hermine Xhauflair

Fouillée pour la première fois par Robert Fox en 1962, Guri a le potentiel de combler les lacunes concernant l’identité des anciens groupes du Sud de Palawan et leur relation à l'environnement pendant les derniers 12 000 ans. La Mission Palawan apporte une connaissance plus approfondie du site grâce aux méthodes modernes tant sur le terrain et en laboratoire.

Sea, forest, and sun. Histoires entremêlées entre les humains et leur environnement dans le sud de Palawan

Les découvertes archéologiques réalisées dans la grotte de Guri révèlent un mode de vie étroitement lié à la fois à la forêt et à la mer. Les habitants consommaient des ressources forestières, comme des noix de canarium, des cervidés et des singes, mais aussi des produits marins tels que des coquillages et des poissons. Leurs outils en pierre, façonnés en jaspe rose, montrent la continuité de traditions techniques très anciennes.

Des indices d’échanges à longue distance, datant du Néolithique et de l’Âge des métaux, ont également été retrouvés : perles en néphrite, poteries et parures. Ces objets témoignent de contacts avec des populations vivant dans d’autres îles et d’autres régions.

Coquillages et crustacés

L’abondance de coquillages découverts sur le site souligne le rôle essentiel du milieu marin dans la vie des groupes humains qui occupaient la grotte de Guri. Même si nous ne savons pas encore à quelle saison la grotte était habitée, les indices montrent que plusieurs environnements aquatiques étaient exploités : mangroves, eaux saumâtres et mer ouverte.

Les coquillages n’étaient pas seulement consommés : certains étaient soigneusement taillés pour fabriquer des parures, sans doute des imitations locales des lingling-o en jade, d’autres étaient transformés en outils.

Pour mieux comprendre comment les populations préhistoriques récoltaient et transformaient ces coquillages, nous avons mené des enquêtes auprès de communautés vivant aujourd’hui près du site. Ces comparaisons nous aident aussi à réfléchir notamment à la durabilité de la collecte des coquillages à travers le temps.

À la découverte des terres sauvages du sud de Palawan

En 2025, notre équipe a commencé l’exploration de l’extrême sud de l’île de Palawan, une région encore presque inexplorée sur le plan archéologique. Couvertes de forêts tropicales et bordées d’eaux où vivent crocodiles et méduses, ces zones isolées formaient autrefois une porte d’entrée vers l’archipel philippin pour les populations venues de Bornéo, du continent sud-est asiatique et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Nos premières prospections ont permis de repérer des grottes cachées dans la région de Bataraza. Des outils en pierre, coquillages et ossements d’animaux mis au jour lors de fouilles à Tajawan 1 témoignent d’une occupation humaine ancienne. Ces grottes, situées au-dessus d’une rivière d’eau douce et exposées au sud livrent des informations complémentaires à celles de la grotte de Guri.

Ensemble, ces sites offrent une vision plus complète des cultures qui se sont succédé dans le sud de Palawan, et des liens profonds que leurs habitants ont tissés avec la forêt et la mer.

La mission est soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

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La Mission Palawan