Médamoud
Situé en Haute-Égypte, le site de Médamoud abrite les restes d’un temple dédié au dieu Montou, le protecteur de la Thébaïde. L’agglomération qui l’entourait était, dans l’Antiquité, un des principaux centres de production céramique en fonctionnement pendant plus de 1 500 ans de manière ininterrompue.
Entre 1925 et 1939 l’Institut Français d’Archéologie Orientale (Ifao) du Caire dégagea le temple dédié à Montou de Médamoud qui livra de nombreux monuments s’échelonnant de la XIe dynastie jusqu’à l’époque byzantine. Depuis 2011, une nouvelle mission a repris les travaux de terrain pour compléter les recherches de nos prédécesseurs et étudier la ville qui entourait le temple, jamais encore explorée.
Un chantier français en Égypte dans les années 1920 et 1930
Le village moderne de Médamoud (المدامود) est en partie implanté sur le kôm de l’antique Mȝdw, la plus septentrionale des villes du dieu Montou. De nos jours, sont encore visibles les ruines d'un temple ptolémaïque et romain dédié au patron de la Thébaïde. Il fut édifié par les Lagides, en modifiant un édifice remontant aux Moyen et Nouvel Empires, et fut par la suite embelli sous les empereurs romains.
Dans les années 1920 et 1930, deux équipes de l’Ifao, sous le patronage du musée du Louvre, furent les premiers à explorer le site de manière systématique. Leurs travaux portèrent essentiellement sur le temenos et les structures qui lui étaient directement associées (lac, dromos et enceintes). La mission actuelle est l’héritière des travaux du début du XXe siècle dont la documentation doit être préservée, mise en valeur et réétudiée. Plusieurs postulats des anciens fouilleurs doivent aujourd’hui être réévalués, d’autant qu’une grande partie de leur documentation demeure inédite. Par ailleurs, ils avaient concentré leurs recherches sur une petite surface du kôm antique alors que la zone archéologique couvre une surface totale de 15 hectares dont une grande partie n’a jamais été étudiée.
Valorisation et étude du patrimoine de Médamoud
La mission a relevé ces défis. Les fouilles ont ainsi livré une riche documentation épigraphique qu’il convient de réétudier. En particulier, les inscriptions du temple - où sont conservés les soubassements publiés par É. Drioton en 1925 et 1926 - méritent une nouvelle édition, accompagnée d’une traduction actualisée et d’un commentaire de la théologie du lieu. Ce dernier s’appuiera également sur l’édition du dernier monument inédit du site, à savoir la porte de Tibère. Il s’agit du propylône, érigé par Auguste et décoré par son successeur, qui constituait l’entrée monumentale du secteur cultuel et était décoré d’un résumé de la théologie de Médamoud. Son effondrement, probablement au XVIIIe siècle, a produit un éboulement des blocs de grès qui a été dégagé dans les années 1920. La documentation – aujourd’hui photographiée et en cours de restauration – est désormais protégée sur des banquettes construites ad hoc. Le projet entre désormais dans sa phase finale et donnera accès à un des derniers propylônes thébains inédits.
Outre l’épigraphie, la documentation archéologique doit également être relue à la lumière des données actuelles, particulièrement pour les structures en briques crues, pas toujours documentées au début du XXe siècle. De ce fait, un programme de sondages a été mis en place pour retrouver les vestiges du Moyen Empire et réétudier les différentes enceintes du site afin de les dater et d’en établir le plan.
Cependant, l’élévation du niveau de la nappe phréatique dans la région thébaine, en raison de l’intensification des cultures, a fragilisé le temple par les remontées salines. En outre, les fouilleurs du début siècle avaient restauré le temple avec du ciment qui est encore incrusté sur de nombreux blocs et qui participe à leur dégradation. C’est pourquoi un plan de restauration global du site a débuté dès 2011 avec la participation du service de restauration de l’Institut. Il permettra d’enlever les anciennes restaurations au ciment et de consolider les maçonneries préservées.
Urbanisme et artisanat aux portes d’un temple égyptien
Mais le principal objectif de la mission dans les années à venir est d’étendre nos recherches dans les secteurs encore inexplorés, situés à l’extérieur du temenos et qui couvrent les trois quarts de la surface du site. Or, longtemps laissé de côté au profit des nécropoles et des zones cultuelles, l’étude de l’urbanisme égyptien est désormais au cœur de la recherche archéologique. Dans ce cadre, Médamoud offre un potentiel significatif en raison de la préservation d’une grande partie du kôm antique. En outre, la richesse de l’occupation est renforcée par une diversité chronologique conséquente étant donné que les structures découvertes à ce jour couvrent une fourchette allant du Nouvel Empire jusqu’à l’époque romaine, entremêlant plus d’un millénaire d’histoire immédiatement accessible. Enfin, il faut également prendre en considération l’importance des productions artisanales associées aux secteurs urbains, visibles par le matériel céramique préservé. En effet, de nombreux déchets de production sont répartis en surface et les fouilles anciennes avaient permis d’identifier deux zones de fours à céramiques. Cependant, même si ces premiers résultats permettaient de classer Médamoud comme un des centres de production de Haute-Égypte, aucune étude du matériel n’avait été réalisée jusqu’à présent.
Désormais, grâce aux recherches de la mission, la nature et la caractérisation de la production de Médamoud sont mieux connues. Ainsi, une prospection menée en 2014-2015 a prouvé que la quasi-totalité des tessons de surface sont faits à base de pâtes calcaires dont Médamoud devait être un des principaux centres de production. Les déchets de cuisson identifiés ont été datés entre la Deuxième Période intermédiaire et l’époque romaine sans interruption. De ce fait, la fouille de la ville entourant le temple de Médamoud répond à plusieurs problématiques et doit permettre de comprendre l’organisation du fait urbain sur le site, sa production artisanale et les échanges avec l’espace cultuel autour duquel il se développa.
La mission française de Médamoud reçoit le soutien de la commission des fouilles du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE), de l’Institut français d'archéologie orientale (Ifao), de Sorbonne Université et du CNRS (UMR 8167 Orient et Méditerranée).