Bangladesh - Il y a 2300 ans

Mahasthan

Le site de Mahasthan, au Nord-Ouest du Bangladesh, près de la ville actuelle de Bogra, correspond à l’antique Pundranagara, le plus ancien centre urbain du Bengale. C’est une des principales villes anciennes du monde indien.

Le temple de Govinda Bhita surplombant la Karatoya (© Mission française de coopération archéologique au Bangladesh)

Ce site a été découvert au début du XIXe siècle, mais n’a réellement été identifié et exploré que par Alexander Cunningham, le fondateur de l'Archaeological Survey of India, en 1879. Par la suite, le site a fait l’objet de fouilles du temps de l’Inde britannique, du Pakistan puis du Bangladesh indépendant. À la suite d'un accord en décembre 1992 entre le Bangladesh et la France, un programme franco-bangladais de fouilles de Mahasthan a débuté en 1993. Vingt-six missions ont eu lieu depuis lors.

Le site de Mahasthan se caractérise par la présence d’une vaste enceinte de plan rectangulaire sur une faible hauteur surplombant la rivière Karatoya. De nombreux vestiges annexes s’élèvent soit dans l’espace de l’ancienne cité, soit à proximité immédiate du rempart, soit dans les alentours. Fondé à l’époque Maurya, aux IVe-IIIe siècles avant notre ère, le site semble avoir été occupé jusqu’au XIVe siècle, sans parler de quelques brèves réoccupations dans les périodes ultérieures. L’étude du site permet donc d’analyser le plus oriental des grands centres urbains du monde indien sur une très longue séquence temporelle.

Le premier objectif de la fouille a été d’établir une chronologie exacte de la cité, en se fondant sur une stratigraphie précise. Pour ce faire, une première phase s’est concentrée sur le secteur dit du « Rempart Est », de 1993 à 1999. Puis, de 2000 à 2011, les travaux se sont portés au sud-est de l’enceinte, sur le secteur dit de « Mazar ». Ces deux grandes phases de fouilles, complétées par quelques sondages plus ponctuels ainsi que par les résultats épars issus des campagnes plus anciennes, permettent désormais d’affirmer l’antiquité du site et le fait que le rempart correspond, dans son tracé, aux limites de la fondation d’époque Maurya. Elles mettent aussi en valeur des phases de développement du site, tandis que certaines périodes, notamment celle dite « Gupta », s’avèrent plutôt pauvres en données archéologiques et matérielles. Par ailleurs, les fouilles ont permis d’établir l’existence d’un important siège à la fin du VIIe siècle ou au début du VIIIe siècle, puis ont mis au jour les traces d’un tremblement de terre, sans doute au XIIIe siècle. La troisième phase, amorcée en 2013, a été envisagée comme un temps de synthèses des données préalablement établies ainsi que comme une tentative d’interprétation historique d’ensemble. On a choisi notamment de pousser l’exploration de l’axe nord-sud courant dans la partie orientale de la cité, et plus particulièrement du lien entre la ville et deux temples (l’un au nord, l’autre sud) établis à proximité de ses portes.

Dans cette optique, un nouveau secteur de fouilles, situé à l’ouest du secteur du « Rempart Est » et au sud-est de l’ensemble de temples dit de Bairagir Bhita, a fait l’objet d’exploration à partir de novembre 2014. Ces fouilles, combinées à un nouvel examen des sources textuelles, conduisent à mieux mettre en lumière l’organisation urbaine de Mahasthan et, partant, à en réévaluer l’histoire.

Après 30 ans d’activité, la mission de Mahasthan est arrivée à un tournant crucial. En effet, les fouilles traditionnelles ont montré à la fois toute leur utilité mais aussi leurs limites. Compte tenu à la fois de l’ampleur du site et des moyens dont peut disposer la mission, il faudrait, à ce rythme, des décennies pour progresser significativement dans la connaissance du site. C’est pourquoi il paraît essentiel de mettre à présent l’accent sur le développement d’un SIG et l’établissement d’une nouvelle carte archéologique précise et détaillée de Mahasthan et de ses environs, en recourant à des séries de sondages et, si possible, à des méthodes plus novatrices et technologiquement développées de télédétection. Pour ce faire, la mission s’est associée au projet DHARMA (« The Domestication of ‘Hindu’ Asceticism and the Religious Making of South and Southeast Asia ») qui s’est vu attribuer un financement de l’ERC Synergy Grant 2018 à travers le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne. Cela permet, outre les fouilles proprement dites, de mener à bien des recherches sur le paléo-environnement du site et notamment l’évolution du cours de la rivière Karatoya.

Liens utiles

https://dharma.hypotheses.org/

https://aibl.fr/fouilles/mission-francaise-de-cooperation-archeologique-au-bangladesh/