Les épaves corsaires de Saint-Malo
La découverte aux portes de Saint-Malo, des épaves de deux grandes frégates corsaires englouties au pied des écueils de la Natière a permis, après dix années d’enquête archéologique sous-marine, de dévoiler un pan oublié de la guerre de course du XVIIIe siècle pratiquée par les corsaires.
Présentation
Commandée par le capitaine Michel Dubocage, la plus ancienne de ces épaves, la Dauphine, est une grande frégate de 300 tonneaux. Construite au sein de l’arsenal royal du Havre en 1703, par le charpentier Cochois, elle escortait une prise anglaise, le Dragon, lorsqu’elle s’est perdue, le 11 décembre 1704, à l’entrée de Saint-Malo. La seconde, identifiée comme la frégate de 400 tonneaux L'Aimable Grenot, a été construite à Granville par un armateur privé, Léonor Couraye du Parc. Initialement elle était armée pour faire la guerre de course, avant d’être reconvertie au commerce. Commandée par Hugon des Prey, elle s'est perdue le 7 mai 1749 alors qu’elle quittait Saint-Malo.
Identification des épaves
Bénéficiant d’une patiente et minutieuse étude archéologique des vestiges, les portraits robots des deux navires se sont lentement esquissés avant que leur confrontation avec les sources archéologiques et archivistiques permette finalement leur identification. Celle-ci éclaire désormais d’un jour nouveau notre connaissance du monde maritime et notamment de l’architecture navale du XVIIIe siècle. On rappelle le quotidien des marins, on retrace les circuits nationaux et internationaux d’échanges, et on évoque les figures de quelques grands capitaines et armateurs.
Mobilier
Parmi les objets mis au jour, beaucoup sont singuliers ou rarissimes : un fragment de quartier de Davis et un bâton de Jacob (instruments de navigation); une étonnante règle à calcul ou « échelle de canonnier », utile à déterminer le calibre des canons et à préciser leur usage ; une pipe encore entreposée dans son étui en bois en forme de pistolet ; un bateau en bois miniature fabriqué à partir d'une douelle de tonneau… et aussi : des instruments d'apothicaire, un squelette de très jeune singe magot, souvenir d'une escale lointaine ou d’un échange entre marins, et des céramiques aux décors originaux…
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