Syrie - Il y a 11 000 ans

Le village de Dja’de el-Mughara

Le site de Dja’de, dans le Croissant Fertile, offre un aperçu unique d’une société en pleine mutation. Les coutumes de la communauté se renouvellent en termes d’habitat, d’alimentation et de pratiques funéraires. De plus, Dja’de renferme de très rares peintures murales datées d’il y a 11 000 ans.

Détail des peintures géométriques rouge et noir du massif 666 de la maison aux peintures de Dja'de (Syrie)

Découvert en 1991, le site de Dja’de est situé au nord de l’actuelle Syrie, sur la rive orientale de l’Euphrate. Les fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges de villages occupés sur une durée de 1 000 ans. C’est le seul site connu à ce jour au Levant nord qui présente une telle continuité sur une période datée d’il y a 11 à 10 000 ans. Or, cette période est cruciale dans le processus de Néolithisation.

 

Évolution d’un village

Cette occupation de Dja’de comporte trois phases. La première est caractérisée par un ensemble de maisons rectangulaires et un grand édifice circulaire en partie creusé dans le sol, certainement un bâtiment communautaire. Il a livré les plus anciennes peintures murales connues à ce jour. Elles sont géométriques, peintes en rouge et noir sur fond blanc.

Dans les phases suivantes, ce bâtiment est abandonné. Le format des maisons, quant à lui, s’agrandit lors de la phase II tandis qu’il diminue lors de la phase III.

 

Des pratiques alimentaires en mutation

L’emplacement du village est stratégique car il se trouve près de l’Euphrate, à proximité de ressources alimentaires qui permettent la cueillette. La chasse se concentre sur la gazelle mais vise aussi les aurochs et les équidés. Cela permet l’organisation de festins qui mettent en lumière la vie de groupe au cours de la phase II. Par la suite, le site atteste des premiers essais de culture des céréales encore sauvages.

 

Mourir à Dja’de

Les fouilles nous éclairent sur les pratiques funéraires. Les défunts étaient en général inhumés sous les sols des maisons et, pour la phase III, une structure particulière, nommée « Maison des morts », a recueilli les restes de plus de 70 individus. L’étude de ces restes osseux a mis en évidence les plus anciennes traces connues de tuberculose (phases II et III).

 

Dja’de face à la crise syrienne

Soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger, la mission archéologique française de Dja’deœuvre pour la lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels, qui est l'une des priorités du ministère de la Culture.

Malgré l’arrêt des fouilles consécutif à la crise syrienne de 2011, l’étude des échantillons exportés avec l’accord de la Direction générale des Antiquités a conduit à des résultats importants.